Région du Sud- Ouest
Phénomène de l’orpaillage à Gaoua :
Les élèves de l’école de Djikando désertent le temple du savoir
Une exploitation artisanale d’un site d’or situé juste à quelques mètres de l’école dans le village de Djikando a provoqué un abandon massif des élèves. Face à la situation, l’Association pour la Facilitation du Développement Communautaire(AFDC) en collaboration avec la Direction Régionale de l’Education Nationale et de l’Alphabétisation (DRENA) du Sud-Ouest et une équipe de journalistes sont allés faire le constat dans la journée du vendredi 06 janvier 2017 afin de venir à bout du phénomène mais surtout d’assurer le retour des élèves qui ont abandonné.
Djikando est un village situé à une dizaine de kilomètres de la commune urbaine de Gaoua. Et l’ouverture d’un site artisanal d’exploitation d’or à proximité de l’école a occasionné un abandon de bons nombres d’élèves. En effet, l’école de Djikando est une école créée dans les années 1992 et transformée par la suite en une école bilingue. Elle compte aujourd’hui cinq classes fonctionnelles avec un effectif de 43 élèves. Elle présente malheureusement un les effectifs les plus bas de la région voire même du pays.
Alors, au vu de la gravité de la situation, l’Association pour la Facilitation du Développement Communautaire (AFDC), une structure qui mène des actions de sensibilisation pour la promotion des droits des enfants dans plusieurs communes de la région, accompagnée d’agents du service technique en charge de l’éducation(DRENA) et d’un certain nombre de journalistes et d’hommes de presse sont allés faire le constat de la situation. Ainsi, une visite des différentes classes fut entamée et le constat est plus que alarmant comme nous montre les effectifs de cette école à travers ce tableau :
Année | Garçon | Fille | Total |
5ème | 11 | 02 | 13 |
4ème |
03 |
01 |
04 |
3ème
|
06
|
03 | 09 |
2ème |
08 |
01 | 09 |
1ère
|
07 | 01 | 08 |
Total | 35 | 08 | 43 |
Interrogés, orpailleurs et populations autochtones s’accusent mutuellement.
Les enseignants de l’école de Djikando pensent que les parents ne s’intéressent pas à l’éducation de leurs enfants. Ils ont exprimé leur mécontentement face à la situation. Ces derniers ont également confié à l’équipe de journalistes que suite à une interrogation faite auprès des enfants, ils pensent qu’aller travailler dans les sites d’or, est un eldorado au vu de l’argent qui circule dans ces lieux.
Conséquence ce désintéressement occasionne des abandons massifs.
François Kambou, membre du bureau du Comité de Gestion(COGES) de l’école soutient les raisons avancées par les enseignants. Il dit avoir interrogé des enfants qui disent que faute d’obtenir satisfaction de ce qu’ils désirent de la part des parents, ils sont obligé d’aller vers ces lieux.
Pour apporter des solutions au problème, une rencontre du COGES s’est tenue a-t-il indiqué. Au cours de cette rencontre des résolutions ont été prises par chaque partie. Une première option est d’aller vers les parents chez qui les enfants ont abandonné l’école pour le retour de ces derniers. L’autre option, est de passer par la méthode forte a conclu François Kambou. L’AFDC à côté du système bilingue existant à l’école, a installé un autre système dénommée Stratégie de Scolarisation Accélérée/Passerelle (SSA/P) pour récupérer les déchets du système classique.
A ce niveau également c’est la désolation. Seulement huit(8) auditeurs sont inscrits alors que des statistiques ont montré que plusieurs enfants dans ce village sont en situation d’abandon de l’école. L’animateur du centre SSA/P Médah Mètouor Bâguo Armel Romaric confirme la présence des enfants qui ont abandonné l’école mais ne sait pas comment mettre la main sur ces derniers. Au vu de ces difficultés, l’animateur Médah demande aux responsables de l’AFDC et aux autorités, de multiplier des séances de sensibilisation afin de sauver ces enfants.
Le Président de l’AFDC à l’issue de la visite n’a pas manqué d’exprimer son mécontentement en ces termes : ‘‘c’est un sentiment de découragement qui m’anime parce que pour une école de cinq classes, on se retrouve avec un effectif de quarante-trois (43) élèves. Vraiment un effectif d’une salle de classe ailleurs, donc c’est dire qu’il y a beaucoup à faire’’.
Il compte les jours à venir poursuivre la sensibilisation avec l’appui des services techniques notamment la DRENA et les hommes de médias pour amener les uns et les autres à connaître le bien-fondé de l’école mais surtout à faire la promotion des droits des enfants.
Le Directeur de l’école Kambou Massofa a confié aux visiteurs du jour, un don de trois(03) sacs de riz de la part l’association des orpailleurs aux élèves pour ainsi assurer leur maintien à l’école. Affaire donc à suivre.
Kissogo Abdoul Karim Ouattara pour SCI