SIAO 2016 : « L’artisanat contribue à près de 30% du Produit Intérieur Brute »

La 14ème édition du Salon International de l’Artisanat de Ouagadougou (SIAO), se tiendra du 28 octobre au 6 novembre 2016. A moins d’un mois de l’évènement le comité d’organisation se dit prêt. A travers cette interview accordée à la rédaction de Sciences Campus Info (SCI), Dramane TOU (DT) Directeur Général du SIAO revient sur les conditions de l’organisation de cette édition ainsi que les mesures prises pour favoriser son bon déroulement.

SCI : Pouvez-vous vous présenter à nos lecteurs ?

Dramane TOU, Directeur Général du SIAO
Dramane TOU, Directeur Général du SIAO

DT : Je m’appelle Dramane TOU. Je suis le Directeur Général du Salon International de l’Artisanat de Ouagadougou (SIAO).

SCI : Quelle est la place de l’artisanat dans la politique actuelle du gouvernement ?

DT : L’artisanat occupe une place de choix dans la politique du gouvernement. Ce secteur d’activité est pratiqué par 2 millions de personnes environ. C’est pourquoi nous voulons faire en sorte que l’artisanat soit un secteur créateur et pourvoyeur d’emploi. Selon les dernières statistiques, l’artisanat est le second secteur créateur d’emploi pour la population active au Burkina Faso après l’agriculture et l’élevage.

 SCI : A moins d’un mois du SIAO quel est l’état des lieux de l’organisation ?

DT : En ce qui concerne les préparatifs nous pouvons dire que c’est très bien avancé. Si nous devrons faire une estimation statistique nous pouvons affirmer  que nous somme à 90% de préparatif bien en place. Tous les acteurs concernés à savoir le public cible composé des artisans, les acheteurs professionnels et le grand public ont été sensibilisés et mobilisés autour de ce salon. Actuellement tous les stands ventilés sont occupés. Les acheteurs professionnels viendront des 5 continents du monde. Déjà sur les 250 acheteurs et visiteurs professionnels attendus, il y a 180 qui ont confirmé leur participation. Les activités de rénovation ont été exécutées. A moins d’une semaine tous les stands seront disponibles.

SCI : Actuellement l’avenue Tansoba est en réfection. Y a-t-il des mesures pour faciliter l’accès au SIAO pendant le salon ?

DT : Le ministre en charge des infrastructures et l’ensemble du gouvernement ont jugé nécessaire d’entreprendre des activités de rénovation pour faciliter l’accès au site du SIAO. Pendant le salon, des dispositions seront prises pour empêcher la circulation des engins lourds sur cet avenu. Aussi toutes les installations anarchiques aux abords et aux alentours du SIAO seront dégagées. Les parkings qui encombrent le passage devant le SIAO seront déguerpis pour faciliter l’accès aux visiteurs et aux participants.

SCI : Le Ghana est le Pays invité d’honneur pourquoi ce choix ?

DT : D’abord le Ghana est un pays frère et ami. Notre pays entretient de bonnes relations avec le Ghana. Cela se constate au niveau diplomatique. Ensuite, il faut dire que le Ghana dispose des produits artisanaux de très bonne qualité. D’ailleurs, à plusieurs éditions du SIAO le Ghana a remporté les prix de son excellence le président du Faso. Enfin, les éditions passées on a remarqué une forte délégation du Ghana et les participants occupent beaucoup de stands. C’est l’ensemble de ces critères qui ont guidé le choix du Ghana comme pays invité d’honneur.

SCI : Le contexte sécuritaire sous régional est assez fragile. Quelles sont les dispositions prises pour une meilleure sécurisation des participants ?

DT : Il y a une batterie de mesures qui ont été prises dans le domaine de la sécurité. D’abord au niveau des plus hautes autorités, il y a une série d’activité de concert avec les pays voisins pour avoir une stratégie régionale de sécurisation. Au niveau du ministère en charge de la sécurité, des instructions ont été données afin d’éviter tout risque d’insécurité. Le ministre en charge du commerce et de l’industrie a estimé que des mesures de sécurisation du site sont obligatoires. Pour ce faire, il y aura des vidéos de sécurité qui couvrirons l’intérieure et l’extérieure du SIAO. Il y aura également des caméras de surveillance à l’entrée et à la sortie pour permettre aux spécialistes de détecter les mouvements à même de perturber le bon déroulement du salon. Sur la voie publique nous installeront aussi des caméras. A cela il convient d’ajouter les ballons aériens de surveillance. En plus de tous ces dispositifs nous comptons sur les mânes de nos ancêtres pour la sécurisation des lieux pendant le SIAO.

SCI :   Dans le cadre de l’organisation de cette édition vous avez effectué des tournées aux Ghana et en France. Quelles étaient les objectifs de ces tournées ?

DT : Il est de tradition que celui qui invite parte vers celui qui est invité pour expliquer aux autorités et aux artisans que le salon se tiendra à la date indiquée. Donc l’objectif premier était d’informer et de remercier les autorités ghanéennes d’avoir acceptées être le pays invité d’honneur. L’autre objectif était de faire une conférence de presse avec les artisans et la presse ghanéenne pour faire comprendre ce que nous voulons faire et pourquoi le Ghana a été choisi comme pays invité d’honneur. En ce qui concerne la France, elle est le centre de la presse internationale francophone. En plus, elle est la capitale de la culture, de l’artisanat. Nous sommes parti donner l’information à la presse internationale et aux institutions telles que l’OIF, l’UNESCO qui soutiennent le SIAO. Le dernier objectif était d’inviter les acheteurs professionnels à participer au SIAO. Les objectifs de ces tournées ont été atteints.

SCI : « Artisanat africain : entreprenariat féminin et sécurité sociale » qu’est-ce qui a motivé le choix de ce thème ?

DT : Nous avons constaté qu’en Afrique de façon générale et particulièrement au Burkina Faso, la majorité des acteurs est constitué de femme. C’est pourquoi nous avons jugé nécessaire d’ouvrir une fenêtre et voir quel est la place de la femme dans le secteur de l’artisanat. A travers une réflexion on pourra aider les femmes à moderniser ce secteur afin de bénéficier des formations et des financements. L’autre aspect c’est qu’il y a des artisans qui ont remporté des trophées mais lorsqu’ils sont frappés par l’âge, ne pouvant plus travailler, ils mènent une vie de misère. Ainsi nous avons pensé à une sécurité sociale pour permettre à ces acteurs de vivre de leurs arts même quand ils seront frappés par l’âge. Après une réflexion autour du thème, ces derniers  pourront bénéficier d’une pension.

SCI : Pouvez- vous nous parler des différents prix décernés aux artisans ?

DT : Le premier prix et le plus important est le prix du président du Faso. Ce prix est dédié au stand pays le plus fourni en produit artisanaux de qualité, le plus entretenu et où l’accueil des visiteurs et des acheteurs est mieux organisé. Il y a également le prix du pavillon de créativité, le prix du parrain et les prix des partenaires et des sponsors.

SCI : Quelles sont les innovations majeures apportées pour cette édition ?

Il y a cinq grandes innovations majeures à cette 14ème édition. Nous avons les points d’information dans chaque stand. Il y aura des agents bilingues qui donneront toutes les informations sur le salon. L’autre innovation est le pôle des régions. Il  y aura des stands dédiés à chaque région du Burkina Faso. Les régions choisiront deux meilleurs artisans qui viendront exposés leurs produits. A la fin, les trois meilleurs stands seront récompensés. La troisième innovation est le système de paiement des tickets via airtel money. Nous avons également une plate-forme sur le site du SIAO qui permet les inscriptions en ligne. La dernière innovation est le paiement des stands en ligne grâce au partenariat avec Ecobank.

SCI : Quel est la place du SIAO parmi les autres salons en Afrique et même dans le monde ?

DT : Le SIAO est le leader dans le monde en matière de promotion des produits artisanaux africain. Il n’y a pas un salon au monde qui fait mieux la promotion des produits artisanaux africains que le SIAO. Il y a des concurrents certes, mais ils n’ont pas atteint le niveau du SIAO.

SCI : A combien s’élève le budget de l’organisation de la 14ème édition du salon ?

Le budget prévisionnel pour l’organisation de cette 14ème édition du SIAO s’élève à 600 millions de FCFA. Nous avons recouvré une grande partie. D’ici le début et pendant le salon nous espérons atteindre les 600 millions.

SCI : Quel peut être la rentabilité de ce salon ?

DT : La rentabilité de ce salon est évidente à plusieurs points de vue. D’abord au niveau diplomatique, c’est l’image du Burkina Faso qui est véhiculé à travers le monde. Au plan social et culturel, le SIAO créée un brassage entre les peuples. Les tenues traditionnelles du Burkina pourront intéressés les visiteurs. Sur le plan économique, les hôtels, les restaurants, les parkers et les vendeurs des produits divers vont faire beaucoup de profits. Les recettes sur les entrées, la vente des badges et des stands permettent de dégager un bénéfice net assez intéressant.

SCI : Quel est la part de l’artisanat dans l’économie nationale ?

DT : Dans la construction du Produit Intérieur Brut (PIB), le secteur de l’artisanat contribue à près de 30%. Selon les dernières statistiques, l’artisanat est le second secteur créateur d’emploi pour la population active au Burkina Faso après l’agriculture et l’élevage.

SCI : Quel appel avez-vous à l’endroit de tous ceux qui souhaitent prendre part à ce salon ?

DT : Le premier appel qui doit rester dans le subconscient et le conscient  des participants est le respect des consignes des Forces de Défense et de Sécurité. Le second appel s’adresse à la population du Burkina en général et particulièrement celle de Ouagadougou et environnant. Nous les invitons à participer à ce salon afin de découvrir les produits de qualité et même les acheter au grand bonheur de l’artisanat africain. Nous invitons aussi les ministères qui n’ont pas encore donné un prix à le faire. Le dernier appel consiste à remercier toutes les autorités pour leur accompagnement dans le cadre de l’organisation de cette 14ème  édition du SIAO.

                                                                                   Interview réalisée par M’pempé Bernard HIEN 

 

 

 

 

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