Election présidentielle en Gambie :
Le faux départ de Yahya JAMMEH ne devait pas étonner et pourtant !
Après avoir, contre toute attente, concédé sa défaite à l’élection présidentielle qu’il a organisé, le président gambien Yahya Jammeh à créer la surprise en revenant sur sa décision pour contester vivement les résultats de l’élection qu’il qualifie de non transparente. Cette sortie du fossoyeur de la démocratie gambienne a suscité une incompréhension de l’opposition et une indignation de la communauté internationale qui peine à trouver, jusqu’à là, une issue heureuse à ce que l’on peut qualifier de signes avant-coureurs d’une grave crise politique en Gambie. Cette attitude quelque peu incongrue du dictateur Jammeh ne devait pas surprendre mais là, le maitre de Banjul a franchi le Rubicon.
L’euphorie n’a duré qu’une semaine, tous les observateurs de la scène politique gambienne s’étaient accordés à dire que le vent de la démocratie soufflait enfin sur le Gambie, c’était juste une brise qui a effleuré le territoire de Yahya Jammeh. Les Gambiens ont vite désenchanté. Le timonier gambien avait pourtant étonné plus d’un en acceptant les résultats des urnes, il en a même ajouté un geste d’élégance en démocratie, en appelant Adama Barrow leader de l’opposition et vainqueur de l’élection pour le féliciter et pour prendre tous les Gambiens à témoin son appel au nouveau président élu a été diffusé à la télévision nationale.
Le président Yahya JAMMEH ne décolère pas de son échec à l’élection présentielle.
Yahya Jammeh à cet effet avait donc réussi un coup d’éclat. Il n’en était rien. Vendredi 10 décembre soit une semaine après avoir accepté sa défaite dans une violente volte-face a rejeté les résultats de l’élection. « Tout comme j’ai loyalement accepté les résultats, en croyant que la commission électorale était indépendante, honnête et fiable, je les rejette dans leur totalité ». Sacré Jammeh ! Comment un chef d’Etat peut-il se dédire au point d’abuser loyalement son peuple dans un total mépris du respect de la parole donnée ? D’où sort cette accusation de la commission électorale, quand on sait qu’en Afrique les présidents sortants organisent les élections pour rester, et Yahya Jammeh n’a pas dérogé à la règle, lui qui était confiant de remporter les élections et a même clamé dans un optimisme béat que même les oiseaux en Gambie savent qu’il va gagner les élections. Heureusement que les oiseaux n’étaient pas aux urnes.
Le peuple Gambien a boudé dans leur majorité le programme de Yahya Jammeh. Les raisons de ce revirement sont donc à chercher ailleurs. Jammeh a réalisé donc que la vie après le pouvoir ne sera pas du tout une partie de plaisir dans son village natale, il s’est senti menacé surtout que son successeur semble avoir accédé aux nombreuses demandes des organisations de défense de droit de l’homme de trainer le bandit de Banjul devant les tribunaux. Il devait pourtant si attendre, car son long règne n’a été qu’un épouvantail pour les leaders de l’opposition et les journalistes bref, ceux qui seraient tentés de se révolter contre son autorité devaient choisir entre la prison et l’exil. En tout cas ce rétropédalage du président sortant gambien a jeté un froid au sein de la population, elle qui se frottait les mains à l’idée de pouvoir se débarrasser, de la bonne manière, de l’homme le plus criant de la Gambie.
Il faut tout faire pour éviter le chaos à la Gambie.
Dès le lendemain, de cette annonce fracassante, la coalition de l’opposition s’est réunie autour de son candidat pour exprimer son indignation, elle ne comprend pas cette attitude de dernière minute de Yahya Jammeh, elle entend revendiquer par tous les moyens, avec le soutien de la communauté internationale, sa victoire à l’élection. Une communauté internationale qui a condamné à l’unisson la décision du président Jammeh. Ainsi dès le samedi 11 décembre, L’Union africaine et l’ONU ont vivement exprimé leur préoccupation, la CEDEAO, elle n’exclut pas l’usage de la force pour faire plier le président gambien. Le mardi 13 décembre quatre chefs d’Etats africains sont arrivés en Gambie pour négocier une issue favorable à la crise, cette rencontre a accouché d’une souris. En marge de du sommet de la CEDEAO tenu à Abuja le 17 décembre la conférence des chefs d’Etats Ouest africains a réaffirmé son soutien à Adama Barrow, le nouveau président élu et invite le président sortant au respect du verdict des urnes. Yahya Jammeh va-t-il céder aux pressions ? Lui qui qui a toujours eu de bonnes raisons de défier la communauté internationale. Son parti a même décidé de saisir la cour suprême pour contester les résultats de l’élection.
Ladite cour suprême n’a pas siégé depuis plus d’un an et il manque des juges pour qu’elle puisse fonctionner. Pour l’opposition ce dernier épisode de la trouvaille du président gambien n’est qu’un subterfuge pour prolonger son mandat car les juges de cette cour sont d’office acquis à sa cause. Du soutien, Yahya semble l’avoir à l’intérieur du pays notamment au sein de l’armée. La semaine dernière le président élu Adama Barrow a fait part du soutien du chef d’état-major de l’armée mais, vendredi dernier le président Jammeh a promu 49 militaires à des postes clefs. L’objectif est sans doute de se rassurer du soutien au sein des forces armées.
Yahya Jammeh n’entend donc pas céder facilement aux injonctions de l’opposition politique et de la communauté internationale qui n’écarte pas l’usage de la force pour détrôner celui qui a dirigé la Gambie pendant 22ans. Il appartient aux deux camps et particulièrement à la communauté internationale, de prendre la mesure de la gravité de la crise pour éviter une tragédie au peuple gambien, car, dans cet imbroglio situation politique, s’il y a affrontement c’est le sort de milliers citoyens gambiens qui est en jeu. Une chose est certaine, Jammeh sait qu’il joue sa dernière scène dans cette comédie politique dont lui seul a le secret, mais dans ces conditions il a forte chance de ne pas endosser seul la responsabilité de cette crise en perspective.
BOAWENDBUUM