La profusion de produits promettant de doper le désir sexuel incite à croire que c’est possible. Mais il faut ici distinguer deux choses : d’une part, le désir ; de l’autre, la mécanique corporelle. Or, les preuves scientifiques que ces substances élèveraient le désir propre-ment dit sont inexistantes.
“Aucune substance analysée ne démontre de manière convaincante des effets de stimulation sexuelle”, affirme ainsi Jacques Diezi, professeur honoraire de pharmacologie et toxicologie à l’université de Lausanne (Suisse), également auteur de La Pharmacologie d’Aphrodite.
« APHRODISIAQUE » N’EST PAS UNE NOTION SCIENTIFIQUE
“La catégorie ‘aphrodisiaque’ n’existe pas dans les ouvrages de pharmacologie, rappelle-t-il par ailleurs. Et l’on n’a réalisé sur ces substances aucun essai comparatif contrôlé, par exemple, ainsi qu’on l’exigerait d’un nouveau médicament.” Au mieux, leur effet sur la libido relève donc du placebo.
Reste que certaines de ces substances “dilatent les vaisseaux des corps caverneux desorganes sexuels ; elles peuvent aussi augmenter la production de spermatozoïdes ou encore lesniveaux de testostérone. En clair, elles ont un effet sur l’organisme, mais il ne s’agit pas ipsofacto d’aphrodisiaques”, insiste le chercheur.
D’ailleurs, c’est sur leur action directe sur la mécanique sexuelle que se fonde la réputation de produits tels que le gingembre, le safran, la grenade ou les huîtres.
Ainsi, selon une étude publiée il y a deux ans par des chercheurs de l’université Queen Margaret d’Edimbourg, au Royaume-Uni, la grenade ferait grimper de 24 % le niveau de testostérone, cette hormone sécrétée surtout chez l’homme par les testicules, mais aussi chez la femme par les ovaires.
DES MÉCANISMES FAVORISANT LES PERFORMANCES SEXUELLES
Un an plus tôt, des chercheurs de l’université de Guelph, au Canada, avaient montré pour leur part que le gingembre et le safran favorisent l’afflux de sang – et par conséquent l’érection – dans le pénis et le clitoris, grâce à leurs propriétés vasodilatatrices. Les huîtres, très riches en zinc, un oligoélément indispensable à la spermatogenèse, contribuent, elles, au processus de production de spermatozoïdes.
Comme le Viagra, ces produits réputés aphrodisiaques peuvent donc présenter une réelle efficacité pour augmenter les performances sexuelles… à ne pas confondre avec la notion même de désir.
Publication de Sciences&Vie/Traité par Alphonse Mireille pour SC Info