Les bactériophages (ou phages) sont des virus qui n’affectent que les bactéries. Une piste de recherche actuelle vise à les utiliser comme « antibiotiques vivants » contre les bactéries résistantes. Parmi celles-ci, Pseudomonas aeruginosa est responsable de certaines infections nosocomiales parfois mortelles. Lors d’une étude publiée récemment dans la revue PNAS, une équipe internationale a observé un phénomène très particulier chez les phages qui pourrait aider à augmenter leur virulence pour mieux combattre P. aeruginosa.
Plus précisément, les chercheurs ont noté qu’après plusieurs rencontres entre Pseudomonas aeruginosa et ses phages, la virulence de ceux-ci peut, selon le type, soit fluctuer au fil du temps soit, chose plus intéressante, augmenter.
L’équipe a fait cette découverte en tentant de mieux comprendre une interaction précise entrePseudomonas aeruginosa et les phages n’infectant qu’elle : leur coévolution, c’est-à-dire la manière dont la résistance de la bactérie à ses ennemis et la virulence de ces derniers vis-à-vis d’elle, évoluent lorsqu’elle est en contact avec eux pendant un certain temps.
Les biologistes se sont intéressés à six phages différents : LKD16, PEV2, LUZ19, LUZ7, 14/1 et LMA2. Ceux-ci furent mis individuellement en contact avec la bactérie, dix fois de suite durant 24 heures. Puis, ils ont étudié si ces rencontres successives pouvaient induire l’émergence de phages mutants avec une virulence accentuée vis-à-vis de P. aeruginosa.
Evolution de la virulence
Leur étude montre que les bactériophages peuvent co-évoluer de deux manières différentes selon leur type. LUZ7, LUZ19 et LDK16 ont montré une virulence fluctuante dans le temps. Par contre, les trois autres virus PEV2, 14/1 et LMA2 ont, eux, vu leur force augmentée. « Ces résultats suggèrent qu’il est possible, pour certains phages de P. aeruginosa, d’augmenter leur virulence et leur efficacité en utilisant des formes coévoluées. Pour les autres phages, les échantillons non coévolués sont les plus efficaces contre P. aeruginosa », précise Michael Hochberg, biologiste à l’ISEM (CNRS, Université Montpellier 2, IRD).
Ces travaux pourraient avoir des enjeux sociétaux importants et intéresser non seulement les médecins, mais aussi les sociétés de traitement de l’eau, très désireuses d’éradiquer P. aeruginosade leur circuit de traitement.
Publication Tutura Science
Traité par Alphonse Mireille pour SC Info