Près d’un tiers des enseignants du primaire, collège et lycée se sert d’un manuel numérique dans les cours, que ce soit au moyen d’un grand écran interactif (ou « tableau blanc »), de tablettes ou plus généralement d’ordinateurs disponibles dans les salles. Tel est le principal enseignement d’une enquête parue hier sur Les usages des ressources numériques en 2014, menée auprès de 15 283 professeurs par l’institut TNS-SOFRES, commandée par l’association Savoir Livre qui regroupe les principaux éditeurs de manuels scolaires (Belin, Bordas, Hachette, Hatier, Magnard, Nathan). Globalement, il s’agit d’une bonne nouvelle, puisque la proportion a doublé depuis 2011 : de 16% voici trois ans, ils sont aujourd’hui 29% a faire cours à l’aide de ces ressources numériques.
Mais dans l’absolu, le chiffre reste modeste alors que la révolution numérique est déjà bien installée, et qu’elle ouvre d’infinies possibilités pédagogiques pour un apprentissage plus dynamique, ludique et adapté au cerveaux jeunes – bien au-delà du seul usage de manuels numériques. Cette proportion est insuffisante également dans la perspective du « grand plan numérique pour l’école de la République » annoncé par le président Hollande le 2 septembre dernier, censé dès la rentrée 2016 raccrocher tous les élèves au train du progrès. Et lutter contre les inégalités de l’accès au savoir et à la technologie qui se creusent dès les petites classes. Par exemple, pour les élèves qui accèdent au manuel numérique, 93% le font collectivement en classe, seulement 7% y auraient accès individuellement et par leurs propres moyens.
LE MANQUE D’ÉQUIPEMENT GRÈVE L’ENTRÉE DU MANUEL NUMÉRIQUE À L’ÉCOLE
L’enquête, qui pointe les progrès et les freins pour le développement de l’enseignement numérique en France depuis le primaire jusqu’au lycée, révèle des situations fort contrastées. On découvre que l’école primaire est la plus en retard : seuls 20% des enseignants se servent de manuels numériques (24% des écoles primaires n’ont pas de connexion à internet). Question matières, ce sont les Mathématiques, la Physique et la Chimie qui concentrent le plus fort taux d’usage des manuels numériques : 46% des cours en France. Suivis par l’Histoire-Géographie (38%), les Sciences économiques et sociales (34%) et les langues (34%)… En dernier figure le Français (24%).
Si l’usage des manuels numériques, fers de lance de la révolution de l’e-enseignement, n’est pas davantage enraciné à l’école et au lycée c’est principalement, selon l’enquête, « pour des raisons d’équipement et d’acquisition de ressources, jugés insuffisants par 70% des enseignants« . De plus, un enseignant sur deux manque de formation technique et pédagogique à ces nouveaux outils. Pourtant, point positif, les professeurs qui utilisent le manuel numérique jugent à 68% qu’il facilite la concentration des élèves, à 74% qu’il stimule la curiosité, à 83% qu’il capte l’attention et à 71% qu’il rend plus concret le contenu des cours.
Publication de Science et Vie, Traitée par Jules Burlo pour SC Info