La sonde Rosetta se trouve désormais à 8 kilomètres de la surface de la comète Churyumov-Gerasimenko, et à 480 millions de kilomètres de la Terre. Dans moins d’un mois, Rosetta doit éjecter son module Philaé, lequel doit se poser à la surface de la comète. Du jamais vu, du jamais fait. C’est donc le 12 novembre, d’après l’Agence spatiale européenne, que la mission Philaé doit commencer. L’image qui ouvre ce billet montre la région choisie pour l’atterrissage, une « plaine » de glace de quelques hectares, relativement uniforme, dénuée de reliefs trop importants. Des blocs de glace, des failles, parsèment la surface, dont personne d’ailleurs ne connaît la résistance, la solidité. Rarement dans une mission spatiale, les scientifiques auront ainsi littéralement sauté dans l’inconnu.
Philaé, l’atterrisseur de Rosetta, est une grosse boîte recouverte de panneaux solaires, et mesurant environ un mètre. Sa masse avoisine 100 kg. Problème, sur la comète Churyumov-Gerasimenko, son poids ne dépassera pas… un gramme !
Parvenir à poser cet engin sur un astre au champ gravitationnel aussi faible est forcément une gageure… Pour pallier, au mieux, à toutes les surprises, Philaé a été équipé d’un système d’atterrissage multiple. Un train d’atterrissage arachnéen, à trois pieds, munis d’amortisseurs, pour éviter au module de rebondir et repartir dans l’espace. Plus un petit système propulsif, pour plaquer Philaé au sol. Plus un système de harpons, pour tenter de l’arrimer dans la glace de la comète… Enfin, si Philaé se pose de guingois, le système d’atterrissage est réglable, un peu comme le trépied d’un appareil photo…
Philaé doit être largué à une vingtaine de kilomètres d’altitude, et doit se diriger, à la vitesse de 2,8 kilomètres/heure, vers la surface, qu’elle doit atteindre 7 heures plus tard. Le vol sera automatique, ainsi que l’atterrissage, Rosetta et Philaé se trouvant à trop grande distance pour être pilotées en temps réel : un aller-retour des communications entre la Terre et Rosetta, dure, à la vitesse de la lumière, près d’une heure.
Si tout se passe bien, une fois au sol, Philaé prendra une image panoramique du paysage de la comète Churyumov-Gerasimenko, puis commencera à analyser la glace et la poussière de la comète, demeurées peut-être inchangées depuis l’origine du système solaire. Philaé peut « tenir » sur ses batteries quatre jours environ, puis, si les panneaux solaires parviennent à les recharger, des mois, peut-être, avant que l’environnement de la comète, de plus en plus active puisque s’approchant du Soleil, ne finisse par engloutir le courageux petit module, ambassadeur des Terriens, ou le recouvrir de glace voire l’expulser dans l’espace…