En effet, les ondes radio traversent les murs et pas les ondes lumineuses. Et pourtant, il s’agit d’ondes électromagnétiques, tout comme les rayons X, ultraviolets ou infrarouges. Elles sont l’association d’un champ électrique et d’un champ magnétique, variant à une certaine fréquence mesurée en hertz (Hz) (nombre d’oscillations par seconde). Et certes, chacun sait que la lumière, toute onde électromagnétique qu’elle soit, ne traverse pas les murs… Or, elle devrait, puisque les ondes radio, elles, le peuvent.
En fait tout est question de fréquence. Car, en fonction de leur fréquence, les ondes sont plus ou moins stoppées par la matière qu’elles rencontrent. “Lorsqu’une onde électromagnétique arrive sur un mur, une partie de l’onde peut soit être réfléchie ou diffractée, soit le traverser sans peine suivant la fréquence de l’onde et les caractéristiques électriques du mur”, explique Guillaume Andrieu, chercheur dans le département des Ondes et systèmes associés à la faculté des sciences et techniques de Limoges. Les atomes du mur sont formés d’un noyau autour duquel gravitent des électrons qui peuvent se mettre en mouvement au passage d’une onde électromagnétique… Des électrons qui ont tendance à vibrer à des fréquences bien précises qui dépendent des propriétés du matériau.
C’EST UNE QUESTION DE FRÉQUENCE DE L’ONDE
Or, plus une onde a une fréquence proche de celle de l’électron rencontré, plus elle interagit avec lui. La lumière a pile la bonne fréquence (entre 0,4 et 0,8.1014 Hz) pour mettre en mouvement les électrons d’un mur. Au contact de la surface, elle perd son énergie et les électrons, forts de l’énergie de l’onde, émettent à leur tour une onde électromagnétique dans toutes les directions. L’onde initiale est “réfléchie” et “réfractée”. Les électrons du verre, eux, ne s’agitent qu’à des fréquences supérieures à 0,8.1014 Hz, lorsqu’ils rencontrent des rayons ultraviolets : nous voyons à travers le verre… et nous ne bronzons pas en voiture.
Mais les ondes radio ou téléphoniques ont une fréquence 10 000 fois inférieure à celles la lumière visible… bien éloignée de la fréquence des électrons des matériaux de construction. C’est à cause de cette lenteur d’ondulation que l’onde radio ne transfère que très peu d’énergie aux électrons et en conserve suffisamment pour traverser le mur… Sauf si la construction est en béton armé. Car le métal ne laisse passer aucune onde électromagnétique : il contient des électrons libres, non liés à un noyau, plus mobiles et susceptibles d’absorber l’énergie des ondes. Assez en tout cas pour que l’armature métallique des tunnels du métro brouille le signal de nos portables…
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