Le coton conventionnel actuellement cultivé au Burkina Faso depuis deux saisons n’est pas rentable. Sa culture causerait des problèmes sanitaires et environnementaux désastreux. Des cotonculteurs regroupés en groupement étaient face à la presse ce samedi 13 janvier 2018, à Ouagadougou pour exiger du gouvernement le retour au coton Bt.
Les cotonculteurs s’interrogent sur l’avenir du coton au Burkina. C’est tout le sens qu’ils ont donné à ce face à face entretenu avec les hommes de médias. Après deux saisons, 2015-2016 et 2016-2017, ces producteurs de coton de l’UNPCB (Union nationale des producteurs de coton du Burkina) ne veulent plus le coton conventionnel. Ils demandent le retour sans condition du coton Bt, le coton génétiquement modifié. Selon Casimir Gnoumou, Président d’un groupement de producteur de coton dans la province des Balés, le coton conventionnel a terni l’image des producteurs en particulier et du Burkina en général « On a plus à vouloir tergiverser sur le débat, parce que le Bt à dorer notre image et c’est sur Bt que nous mettons notre confiance pour la survie de notre économie ». Pour lui, Le coton Bt a d’énormes avantages. « Cette année j’ai produit sur des superficies en moyenne, 18 ha et c’est moi qui traite alors que les années antérieures, je produisais du Bt. Quand vous le semez dans le mois de mai, au mois de juin vous n’avez même pas besoin de faire un traitement sur le terrain (…) vous gagner en rendement et ça réussite en perfection », a-t-il signalé.
En plus du rendement, le coton Bt utilise moins de pesticides contrairement au coton conventionnel. Pour une prévision de 700 milles tonnes pour le coton Bt, il faut 1.300.000 litres de pesticides mais avec le coton conventionnel, pour la même prévision, il faut 3.600.000 litres de pesticides. En claire, le coton conventionnel joue sur l’homme et son environnement par rapport au coton Bt. Le Burkina Faso qui était premier producteur de coton en Afrique avec le Bt est aujourd’hui classé au bas du tableau, et ce classement n’est pas du gooût des cotonculteurs qui s’insuregent contre ce fait « Ce grand Burkina Faso qui était premier producteur du coton, est avant dernier des producteurs de coton en Afrique. Il y’a donc un problème. Nous voulons produire notre coton Bt », a indiqué Casimir Gnoumou.
Le coton Bt introduit depuis 2008 au Burkina Faso par l’Entreprise américaine spécialisé dans les biotechnologies agricoles, Mossanto avait été abandonné par la longueur de ses fibres. Jugé courte par la SOFITEX (société burkinabè des fibres textiles). Cette même société que les cotonculteurs pointent du doigt. Pour eux, c’est un business qui ne dit pas son nom dont le Directeur de la SOFITEX serait à la base. Ils ont également dénoncé des détournements à cette société qui s’élèveraient à des milliards de francs CFA. Par conséquent, ils demandent une contre-expertise.
Pour Dr Badiori Ouattara, chercheur à l’institut de l’environnement et de recherche agricole (INERA), présent à la conférence, l’Etat à sa part de responsabilité dans la culture du coton conventionnel décriée aujourd’hui par les producteurs, « nous avons été très surpris du fait qu’on ait retiré le coton Bt dans la circulation. L’argumentaire technique qui a été avancé à savoir qu’il y’avait un rallongement de ses fibres, certes je pense que l’Etat a tous les moyens nécessaires pour le vérifier mais il y’a eu un silence absolu » s’insurge-t-il.
Pour la survie de leur filière et de leur économie, ces producteurs lancent un appel au gouvernement pour le retour du coton Bt.
En rappel, la culture du coton Bt a été introduite au cours de la campagne 2008/2009 pour faire face à un certain nombre de difficultés qu’a connu la filière coton burkinabè.
Alfred Sié KAM/Rédaction QNA