Dans la capitale Tripoli, la fête musulmane du sacrifice de mouton ou Tabaski, correspond avec la fin en 2011 du régime du colonel Mouammar Kadhafi, qui devait engendrer l’espoir d’une Libye libre et prospère. La situation s’est évaporée avec la crise en cours, laissant ainsi le libyen dans une difficulté quotidienne. La fête, qui n’a pas été au rendez-vous, emmène les libyens, à réclamer le fils de Mouammar Kadhafi, comme libérateur du pays.
Sept ans après la chute du régime, l’espoir vécue par une majeure partie des Libyens a laissé la place à une grosse amertume une mauvaise situation politique et économique. Ni le gouvernement d’union nationale (GNA) de Tripoli soutenu par la communauté internationale, ni le gouvernement parallèle à l’est du pays, ni toutes les autres institutions, ne semblent pouvoir faire grand-chose pour sauver le citoyen libyen de sa souffrance quotidienne. Dans cette situation, la souffrance économique semble avoir le plus d’impact sur les Libyens, qui ne comptent plus le nombre d’heures passées devant les banques pour obtenir une part minime de leur salaire. Les banquiers avancent toujours comme excuse un manque de liquidités qui les empêche de donner leur argent à leurs clients. Et la situation s’est aggravée les jours précédents la fête de la Tabaski. Les Libyens appauvris sont plus que jamais nostalgiques de l’époque de Mouammar Kadhafi.
Saïf-al-Islam al Kadhafi, réclamé des libyens
Les libyens réclament le fils du guide Mouammar Kadhafi, au point de voir dans les rues de la capitale des affiches défendant le fils de l’ancien leader, Saïf al-Islam al Kadhafi, qui n’est pas apparu depuis des années, et le qualifiant de « Mandela de la Libye ». Certes, le gouvernement s’attelle actuellement, en collaboration avec la Banque centrale, sur une stratégie de réforme de l’économie du pays afin de pallier ces difficultés et enrayer la chute vertigineuse du dinar ainsi que relancer l’activité économique, estimant que les répercussions sur les conditions de vie des citoyens ne se feront pas sentir du jour au lendemain. Quatrième pays producteur de l’or noir en Afrique avec des réserves de plus de 53 milliards de barils, la Libye importe la majeure partie de sa consommation en essence de l’étranger. La Libye est plongée depuis la révolution de 2011 qui a fait chuter le régime de Mouammar Kadhafi dans le désordre sécuritaire alimenté par la prolifération des armes, la présence de puissants groupes armés aguerris par le conflit armé et qui se sont érigés en véritables maîtres sur le terrain en l’absence d’organes de sécurité et militaires étatiques pour faire respecter la volonté de l’Etat devenu bicéphale. Autre facteur qui perpétue le chaos en Libye, ce sont les ingérences de certaines puissances occidentales et régionales qui soutiennent l’un ou l’autre des camps en conflit, lui apportant appui politique et armes malgré les résolutions des Nations unies qui parrainent actuellement un processus politique dans l’impasse depuis plusieurs mois. Relancé en septembre 2017 par un Plan d’action de l’envoyé spécial des Nations unies en Libye, le processus politique en Libye, qui avait abouti en décembre 2015 à la signature à Skhirat au Maroc d’un Accord politique parrainé par l’ONU, est aujourd’hui en panne.
Le rendez-vous manqué de la Tabaski
Toutes les sociétés qui avaient postulé à l’importation de moutons n’ont pas respecté leurs engagements, car certains ont renoncer à emmener des moutons pour des raisons liées aux délais impartis et aux autorisations d’obtention des crédits en devises. Le prix des moutons importés varie entre 400 et 600 dinars, une somme jugée à la portée des citoyens bien que le liquide fait grandement défaut dans les banques. Une situation qui pousse les Libyens à recourir à divers procédés de payement, tels que les chèques certifiés par les banques, le payement par téléphone en fonction d’une application mobile et autres. Le mouton local plus apprécié par les Libyens est plus cher et son prix oscille entre 700 dinars 1500 dinars, selon le poids et la taille de la bête. Cette situation influe sur les conditions de vie des Libyens qui flanchent sous le poids des privations et des pénuries en cette fête de l’Aïd Al Adha dont le symbole de soumission à Dieu à travers le sacrifice, exhorte les musulmans à la solidarité et à l’entraide conformément aux percepts de l’Islam.
Par Wakiyatou KOBRE