Exilé depuis maintenant 4 ans, des burkinabè aspirent au retour de Blaise Compaoré au Bercail. Nommé président d’honneur du parti le congrès pour la démocratie et le progrès (CDP), plusieurs leaders, ont entrepris des démarches au près des autorités pour son retour. Naturalisé ivoirien, peut-on espérer un retour en grâce de Blaise Compaoré dans un Burkina déboussolé ? Autrement fera-t-il le trajet Ouaga-Abidjan-Ouaga ?
Chassé du pouvoir en 2014, Blaise Compaoré, se fait moins parler de lui au Burkina Faso « Je suis fier d’avoir servi le Burkina Faso aux côtés de Blaise Compaoré ». La phrase, entendue samedi 5 mai lors du 7e congrès ordinaire du Congrès pour la démocratie et le progrès (CDP, l’ex-parti au pouvoir), ne devrait pas surprendre, tant le départ précipité de l’ancien chef de l’État, le 31 octobre 2014, n’a pas été suivi d’une purge drastique dans le Landerneau politique burkinabè. Cette fois, la déclaration d’empathie envers Blaise Compaoré, exilé n’était pas prononcée par l’un de ces caciques qui refusèrent de migrer vers le Mouvement du peuple pour le progrès (MPP). En effet, ce samedi, c’est Zéphirin Diabré qui valorisait son apprentissage politique à l’ombre de cette statue présidentielle qu’il invita pourtant à déboulonner. Au-delà d’une arithmétique politique contre-nature, Zéphirin Diabré mise peut-être sur le retour en grâce d’un ancien autocrate, alors que son successeur s’enlise à mi-mandat. N’a-t-on pas entendu certains Tunisiens abstentionnistes déclarent que Zine El Abidine Ben Ali serait élu s’il faisait acte de candidature ? Certains Congolais démocratiques ne soutiennent-ils pas, des trémolos dans la voix, que l’ère Mobutu était l’époque où il avait à boire et à manger » ? Déjà, des Burkinabè affirment qu’il y a trois ans, il y avait moins d’attentats terroristes et moins de délestages électriques. En exil en Côte d’Ivoire, précisément à Abidjan, depuis sa chute du pouvoir à Ouagadougou, au Burkina Faso, fin octobre 2014, Blaise Compaoré est très discret dans la capitale économique ivoirienne. Approximations d’une mémoire sélective, Blaise Compaoré n’est pas près de recueillir les fruits de la nostalgie, encore moins les lauriers d’une éventuelle réhabilitation. Il fut inculpé par la justice burkinabè, en tant que ministre de la Défense. Faut-il le souligner, Blaise Compaoré, époux de Chantal, d’origine ivoirienne, jouit pleinement de la nationalité ivoirienne à lui attribuée par l’actuel pouvoir depuis fin 2015. Un acquis qui lui vaut d’être à l’abri de certaines procédures judiciaires au Burkina Faso et aussi est plutôt le signe qu’il entend s’enraciner dans la Côte d’Ivoire de son épouse Chantal. Ainsi Blaise Compaoré, a été fait dimanche 6 mai 2018 président d’honneur de son parti, le Congrès pour la démocratie et le progrès (CDP). Retour en grâce de Blaise Compaoré dans un Burkina déboussolé ? Ses sympathisants rêvent d’un retour aux affaires et l’ancien président burkinabè, fondateur du parti, garde une grande estime auprès de ses partisans. Il s’est même vu attribuer des pouvoirs par une motion faisant de lui le garant de l’unité et des orientations politiques du CDP. Selon la motion adoptée par acclamation par les congressistes, Blaise Compaoré devient arbitre en dernier ressort des décisions du parti, valide le choix du candidat à l’élection présidentielle et valide les propositions d’union ou de fusion avec d’autres partis. Le président de la Diaspora Unie pour le Faso (DUF), a également plaidé auprès du Mogho Naaba, le retour de l’ex-président du Faso, Blaise Compaoré, au Burkina Faso. C’était lors d’une audience accordée par sa Majesté Naaba Baongo à la délégation conduite par Abdul Rahim Bougma. Pour ce leader de la diaspora burkinabè en Côte d’Ivoire, sa démarche est motivée par la nécessité de la réconciliation des fils et filles du Burkina Faso pour la construction du pays des Hommes Intègres. L’empereur des Mossé a salué l’initiative et s’est réjouie de savoir que les valeurs de réconciliation et de cohésion sociale sont portées par des jeunes qui plus est, viennent de la diaspora. C’est pourquoi, il les a encouragés à poursuivre dans les actions d’intérêts communs. La délégation, qui avait séjournée au Burkina a multiplié les contacts et les rencontres en faveur de la réconciliation mais aussi et surtout du retour de Blaise Compaoré au Burkina Faso.
Par Wakiyatou KOBRE