Les scientifiques du monde entier mènent une course contre la montre pour réaliser des progrès en matière de prévention et de contrôle de la maladie au nouveau coronavirus (Covid-19) qui a déjà fait plus de 150 000 morts sur la planète. Plusieurs institutions scientifiques s’efforcent pour trouver un remède efficace. Dans cette recherche à « multiples pistes », les chercheurs testent différents traitements déjà existants sur le marché et qui ont déjà fait leurs preuves contre d’autres pathologies. Allons à la découverte des principales pistes de traitements en phase d’expérimentation contre la maladie.
Cinq mois après l’apparition en Chine de la maladie à coronavirus, plusieurs institutions scientifiques sont à pied d’œuvre pour débusquer le traitement contre ce mal qui décime le monde actuellement. Plusieurs traitements sont en phase d’essais cliniques pour juger de leur efficacité dans la lutte contre la maladie. Il s’agit entre autres :
- Du Remdesivir
Le 20 février dernier, l’OMS annonçait que la chine a lancé trois premiers essais cliniques contre le Covid-19. Il s’agissait, en effet, de l’association de trois antiviraux d’un côté le remdesivir et de l’autre côté l’association lopinavir/ritonavir. Le remdesivir qui a été mis au point pour lutter contre le virus Ebola, a montré une bonne activité antivirale contre les coronavirus SRAS et MERS lors d’expériences antérieures sur des cellules et des souris. Il aurait aussi montré une assez bonne activité antivirale contre le COVID-19 au niveau cellulaire. A ce jour, ce traitement fait l’objet de plusieurs études cliniques de phase III dans un laboratoire américain, un en France et deux en Chine. En France, le médicament a eu le feu vert du Haut Conseil de la Santé Publique pour le traitement des formes graves de Covid-19. Mais, face à la demande exceptionnelle pour le remdesivir, fabriqué au départ uniquement pour fournir la recherche clinique, Gilead sciences (laboratoire pharmaceutique) a annoncé restreindre l’accès pour les prescriptions à usage compassionnel, sauf pour les patients mineurs et les femmes enceintes. Mais toutefois Gilead assure travailler à augmenter ses capacités de production pour répondre à la demande si le remdesivir devait montrer des preuves d’efficacité comme traitement des formes sévères de Covid-19. Pour ce qui est des deux autres molécules lopinavir et ritonavir qui sont aujourd’hui utilisés contre le VIH, les études se poursuivent pour prouver leur efficacité.
- La chloroquine
La chloroquine, couramment utilisé contre le paludisme, a montré des signes d’efficacité contre le Covid-19, selon le directeur de l’Institut hospitalo-universitaire Méditerranée Infection, Didier Raoult. Mais, la prescription de la chloroquine aux malades du Covid -19 continue de faire débat, car le traitement ne fait toujours pas l’unanimité auprès des chercheurs et scientifiques internationaux. En Afrique, plusieurs pays à savoir l’Algérie, la Tunisie, le Maroc, le Burkina Faso, le Sénégal et le Gabon, l’on adopté pour le traitement des patients du Covid-19. Pour l’heure aucun résultat, sur l’efficacité du traitement n’a été prouvé.
La chloroquine ou hydroxychloroquine est-elle ou non l’arme suprême contre le Covid-19 ?
Selon une nouvelle étude menée in vivo sur 181 patients par des médecins français et publiée sur le portail Medrxiv.org, fait état de l’inefficacité du médicament, ainsi que du développement d’effets néfastes cardiaques et respiratoires sur les patients positifs au Covid-19. « Après que des effets cardiaques néfastes produits par l’utilisation de l’hydroxychloroquine contre le Covid-19 ont été signalés par l’Agence du médicament (ANSM), une nouvelle étude menée par une trentaine de médecins français a montré l’inefficacité de cette molécule. » peut-on lire sur le site Medrxiv.org.
Ainsi, pendant que le monde entier se penchait sur les possibles effets de la chloroquine pour lutter contre le covid-19, ce traitement suscite de vives polémiques dans le monde médical français. De son côté, l’OMS a appelé à la prudence concernant cette molécule, en raison du faible échantillon de patients traités.
- Le Plasma
Le Plasma encore appelé Coviplasm, est un essai clinique lancé par Discovery le 7 avril dernier. Cet essai clinique consiste en la transfusion du plasma des patients guéris du Covid-19, contenant des anticorps dirigés contre le virus, et qui pourrait transférer cette immunité à un patient souffrant du Covid-19. Selon un communiqué l’Assistance publique-Hôpitaux de Paris, l’essai est toujours encore et devrait donner des résultats dans les prochaines semaines. Notons que des tests similaires sont lancés en Chine et aux Etats-Unis.
- L’Ivermectine
L’Ivermectine, un médicament couramment utilisé dans le traitement de la gale, fait l’objet d’une expérience contre le covid-19 par une équipe de chercheurs australiens du Royal Melbourne Hospital et de l’université Morash. Selon les résultats, il est rapporté qu’in vitro l’Ivermectine réduit la charge virale du coronavirus en 48h. Mais Frédéric Altare, immunologiste et directeur de recherche à l’Inserm, a expliqué sur FranceInfo que « L’étude in vitro est un premier pas, mais il y a un océan entre quelque chose qui marche dans un laboratoire et quelque chose d’efficace chez l’homme. »
Que dit la médecine traditionnelle face à cette pandémie ?
- La Médecine traditionnelle chinoise (MTC)
Paradoxalement à la Médecine moderne, la Médecine traditionnelle chinoise (MTC) aurait fait ces preuves dans le traitement contre le Covid-19. La chine, premier pays touché par la maladie, a adopté les méthodes de traitement qui combinent la médecine traditionnelle chinoise (MTC) et la médecine moderne pour venir à bout de la maladie du Covid-19, et a conduit des essais cliniques et des études sur différents types de patients. Selon l’Administration nationale de la médecine traditionnelle chinoise, la MTC a contribué au traitement de plus de 60.000 patients atteints du Covid-19 dans le pays. La MTC a prouvé son efficacité en empêchant les cas bénins de se transformer en cas graves et a été inscrite dans le plan national de diagnostic et de traitement du Covid-19, avait expliqué Xu Nanping, vice-ministre des Sciences et Technologies, lors d’un point de presse. Toutefois, la communauté scientifique reste sceptique face à ce traitement.
- L’Apirivine
Les chercheurs africains sont aussi rentrés dans la course contre la mort. La médecine traditionnelle Africaine aurait des solutions thérapeutiques et préventives efficaces contre le covid-19. Le produit le plus Médiatisé à ce jour est celui du Béninois Valentin Agon, qui a découvert un autre antipaludique (Api-palu). Les autorités burkinabè ont reconnu l’efficacité de son « Apirivine » contre le covid-19 et ont lancé simultanément deux essais cliniques. Un essai pour la chloroquine et un autre pour l’apirivine. Mais à finalement opter pour le traitement avec la chloroquine. L’apirivine qui semblait être une lueur d’espoir n’a pas abouti au résultat escompté. Mais plusieurs autres traitements à base de médicaments antipaludiques sont aussi essayés sur le continent africain malgré qu’aucune preuve de leur efficacité n’ait été prouvée. Par ailleurs, lundi 20 avril dernier, le président malgache Andry Rajoelina a officiellement lancé un remède à base de plantes médicinales locales capable, selon lui, de prévenir et de guérir les patients malades du nouveau coronavirus. Baptisée « Covid-Organics », ce remède est préparé à base d’artemisia, une plante à l’efficacité prouvée dans les multithérapies contre le paludisme, et d’autres herbes qui poussent à Madagascar. Le chef de l’Etat malgache a affirmé que « Cette tisane donne des résultats en sept jours ». Cependant, l’Organisation mondiale de la santé (OMS) a rappelé qu’il n’existait pour l’heure « aucune preuve » qu’elles peuvent « prévenir ou guérir la maladie ».
Qu’en est-il du vaccin anti-Covid-19 ?
À ce jour, il n’existe pas de vaccins ou de médicaments spécifiques contre le Covid-19. Un rapport de l’OMS fait état de 70 vaccins candidats parmi lesquels 67 ont prouvé leur efficacité in vitro et serait en phase préclinique (tests sur les animaux). Selon la même source, trois sont en phase 1 (tests sur l’Homme). Mais Frédéric Tangy, responsable du laboratoire d’innovation vaccinale de l’Institut Pasteur, a expliqué sur BFMTV qu’aucun vaccin ne peut être disponible avant un an, ou 15 à 18 mois. Pour Jean-François Delfraissy, président du Conseil scientifique Covid-19 en France, a averti devant l’Assemblée nationale qu’on ne peut imaginer avoir un vaccin avec une protection incomplète dans un délai qui soit probablement de l’ordre du début 2021.
En l’absence de mesures de contrôle et de prévention du Covid-19, il est donc important de respecter les consignes de restrictions prises par les gouvernements afin de limiter la propagation du virus. A ce jour, le monde entier compte plus de 2 400 000 cas positifs avec plus de 170 000 décès dus à la maladie du Covid-19.
Latifa NIKIEMA