Manifestation des femmes contre le PSUT

Manifestation des femmes contre le PSUT :

« PSUT, on est fatiguées d’attendre. Débloquez hin ! »

Dans une de nos interviews en la date du 21 mai 2016 avec M. le Coordonnateur du Programme socioéconomique d’urgence de la Transition (PSUT), M. Olivier Sawadogo, ce dernier appelait les jeunes à faire preuve de patience en ce qui concerne le retard de financement des promoteurs de projets qui avaient été sélectionné dans le cadre du PSUT. Aujourd’hui 14 juin 2016, ce sont une quarantaine de femmes, accompagnées qui, par leurs maris, qui par leurs frères, qui par leurs camarades postulants qui ont manifesté leur ras-le-bol devant la direction du Fonds burkinabè de développement économique et social (FBDES). Elles n’ont qu’un seul message, celui que « le PSUT débloque » le fonds qui leur est promis depuis 2015.

Ces femmes ont décidé de damer le macadam pour crier  leur ras-le-bol
Ces femmes ont décidé de damer le macadam pour crier leur ras-le-bol

Mardi 14 juin 2016 à Ouagadougou, il est 8h du matin lorsque nous arpentons les ruelles du quartier huppé Ouaga 2000, direction FBDES. C’est le Fonds burkinabè de développement économique et social (FBDES), l’un des partenaires du Programme socioéconomique d’urgence de la transition (PSUT), censé financer des jeunes burkinabè porteurs de projets. Le soleil oint doucement mais sûrement et le temps de jeûne pour les musulmans bat son plein. À l’orée, une manifestation d’humeur des femmes qui avaient été sélectionnées dans le cadre du PSUT mais qui n’ont pas encore reçu un seul kopeck.

Mme Mariama Natama, lisant le message des femmes
Mme Mariama Natama, lisant le message des femmes

Devant le FBDES, aucun signe qui montre un mouvement d’humeur. Nous avons juste le temps de garer notre engin et tenter de savoir davantage sur l’objet de ce dit mouvement. M. Sagnon qui a devancé ses camardes ne tarit pas en arguments. Il confie avoir abandonné son poste à cause de son projet devant être financé par le PSUT et signé même des contrats avec certains fournisseurs, mais rase les mûres actuellement. Un coup furtif sur la voie, et voici les femmes qui débouchent en scandant : « PSUT, débloquez ! » Il nous faut bien tendre l’oreille pour saisir les mots « PSUT » et « débloquez » tant leurs prononciations diffèrent d’une bouche à une autre.

M. Blaise Kiemdé a rassuré les femmes que leur message  sera transmis aux plus hautes autorités
M. Blaise Kiemdé a rassuré les femmes que leur message sera transmis aux plus hautes autorités

Une femme donne le rythme à l’aide d’une petite casserole et d’une spatule. Les autres tiennent des feuilles format A4 et A3 sur lesquelles on peut lire : « S’il vous plaît, au nom de la continuité de l’Etat, les femmes et les jeunes demandent la reprise du processus de financement des projets sélectionnés » ou « Le ‘’oui’’ aux femmes et aux jeunes, c’est maintenant et c’est pour toujours » ou encore « Oui à la reprise du processus de financement des projets sélectionnés dans le cadre du PSUT », « Autorités compétentes, les femmes et les jeunes continuent de vous regarder, ils attendent la reprise du processus ». La plupart d’entre elles sont voilées. Ce sont des jeunes filles et des femmes d’un âge avancé qui dament le macadam. Et bientôt les voilà en face du FBDES avec le même mot d’ordre : « PSUT, débloquez ! »

Deux hommes de tenue alors s’approchent d’elles et prennent connaissance de l’objet de leur manifestation. Une délégation sera introduite auprès du directeur du FBDES, M. Blaise Kiemdé. Pendant ce temps, les femmes ne baissent pas d’ardeur : « PSUT, on est fatiguées d’attendre, débloquez hin », « A quand les coups de fils », « On a trop patienté », « Y a d’autres qui ont eu, nous ne sommes pas tous des Burkinabè non ? »

10 min, 20 min, 30 min s’écoulent. La délégation est toujours en entretien avec le directeur du FBDES. Elle ne tardera pas à sortir pour livrer officiellement le message par la voix de Mme Mariama Natama. Cette dernière rappelle le contexte et les faits avant de camper sur la situation actuelle : « Depuis décembre 2015, le processus de décaissement a été entériné pour une infime parties des nôtres, et suivi du coup du blocage du système pour les autres… La presse parle de huit cent un (801) surtrois mille cinq cent deux (3502) bénéficiaires (tout guichet compris), soit un taux de 22,8%. Les 77,2% sont toujours en attente de leur premier décaissement. » Selon elle, beaucoup d’entre les bénéficiaires vivent des situations intenables de désillusion, de déception, de désespoir, de perte de confiance. Elle déplore aussi l’absence de communication de la part des structures concernées avant de donner le sens de leurs actions : « La correspondance ici présente est faite dans le sens d’interpeller toute autorité à quelque niveau que ce soit, dont l’action pourrait déclencher l’aboutissement heureux de ce processus. »

Blaise Kiemdé qui a reçu le message signé a rassuré les manifestantes qu’il sera acheminé vers les autorités compétentes. A quand la réponse ? Qu’est-ce qui sera fait ? « Wait and see», comme le disent les Anglais. Mais pour le moment, le groupe des manifestants prévoient une conférence de presse très prochainement si rien n’est fait.

Aris SOMDA pour SCI

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