A la rencontre du danseur chorégraphe de renom, Serge Aimé Coulibaly

Serge Aimé Coulibaly est danseur chorégraphe burkinabè́, né à Bobo Dioulasso. Depuis 2002, il travaille dans le monde entier en vue de créer une danse contemporaine puissante qui part du sentiment mais qui porte aussi réflexion et espoir. Porteur de plusieurs projets sociaux pour la nouvelle génération, le danseur chorégraphe s’est livré à cœur ouvert au Quotidien Numérique d’Afrique.

Quotidien Numérique d’Afrique (QNA): Bonjour! Pouvez-vous vous présenter à nos lecteurs?

Serge Aimé  Coulibaly: Je suis Serge Aimé Coulibaly, danseur chorégraphe et Directeur Artistique de Faso Danse théâtre qui est basé en Belgique et à Bobo Dioulasso, au Burkina Faso. Je suis  aussi le Directeur artistique et fondateur de ANKATA qui est le Laboratoire internationale de Recherche et de Production des Art de la scène situé à Bobo Dioulasso.

QNA : Comment êtes-vous arrivés dans le milieu artistique?

Serge Aimé Coulibaly: J’ai commencé a la compagnie Foraine du Burkina Faso dirigé par

Hamadou Bourou qui avait créé la première compagnie professionnel au Burkina Faso et

d’ailleurs de l’Afrique de l’Ouest où on travaillait 10heures par jour, 6 jours par semaine. On faisait du théâtre, de la danse, de la musique et on faisait plein d’autres activités. J’ai intégré cette compagnie en 1993. J’ai préféré évoluer dans la danse que dans le théâtre et j’ai commencé à faire des formations, des stages, jusqu’à aller en France pour travailler dans un centre chorégraphique national à Nantes et finalement j’ai fait des auditions pour rentrer dans des compagnies. Je me suis retrouvé très vite au Ballet Contemporain de la Belgique, une des plus grosses compagnies de la Belgique. Dès que je suis rentré là-bas j’ai créé aussi ma propre compagnie en 2002 qui est le Faso danse théâtre

QNA : Pourquoi avoir choisi de s’intéresser particulièrement à la danse contemporaine?

Serge Aimé Coulibaly: La danse contemporaine c’est déjà une expérience de vie c’est à dire qu’on ne danse pas forcément dans la danse contemporaine. Un spectacle contemporain de danse peut être considéré comme un film muet où on n’entend pas forcément les paroles ou ce qui se dit mais on le devine sauf qu’ ici il y a de la musique et les corps expriment quelque chose de convenu. La danse contemporaine est une forme très libre qui est basée sur les images et les émotions, et qui n’est pas forcément basée sur le sens. C’est une forme qui peut toucher l’être humain partout où il se trouve sans qu’il ne comprenne la langue.

QNA : Est ce que vous êtes compris? Autrement,  le message que vous transmettez est-il compris ?

Serge Aimé Coulibaly: On ne donne pas de leçon ni de message direct mais ce sont les gens qui découvrent leurs propres messages et les choses cachées à l’intérieur. C’est une forme qui est faite pour questionner.

QNA : “Kalakuta Republik”, un de vos spectacles prévu pour le 25 juin prochain, de quoi parle cette présentation?

Serge Aimé Coulibaly:  “Kalakuta Republik” est inspiré d’une figure importante de la musique et de l’engagement africain qui est Fella Kouti. Il est librement inspiré de la vie et de l’œuvre de Fella Kouti.

QNA : Et pourquoi Fella Kouti ?

Serge Aimé Coulibaly : Parce que c’est quelqu’un qui, pendant 30 ans, dans toutes ces chansons a lutté contre la corruption, l’injustice, la mal gouvernance, mais aussi à travailler à l’éveil des consciences des populations. Ses œuvres m’ont beaucoup touchés et surtout que je partage sa vision. Je suis parti de lui pour montrer comment nous créateurs on peut s’engager un peu plus, comment on peut parler des problèmes réels de notre société a travers un spectacle de danse. “Kalakuta Republik” est un spectacle très engagé où la danse est très vivante, où la créativité de la danse est très entreprenante. On l’a joué 130 fois dans le

monde, c’est un spectacle qui a eu les plus hautes critiques partout dans le monde et donc je peux dire et affirmer après 3 ans de tournée que ce spectacle est très puissant.

QNA : Parlez-nous de “ANKATA” (un mot dioula qui signifie « Allons-y ! »).

Serge Aimé Coulibaly: ANKATA est un Laboratoire international de Recherche et de Production des Arts de la scène situé à Bobo Dioulasso. ANKATA Next generation est un programme de formation multidisciplinaire, commencé en février 2019. C’est une formation professionnelle au profit des jeunes de 18 à 25 ans désirant se former dans les métiers des arts de la scène ; avec pour objectif principal de mettre sur le marché des arts et de la culture des artistes avec une formation solide, aussi bien théorique que pratique. On a fait deux ans de formation avec mes propres fonds pour payer les professeurs pour la formation des jeunes que je ne connaissais pas à l’origine. Quelque part je pense que si les gens viennent voir nos spectacles, et voient ce que ces jeunes sont devenus,  c’est une fierté qui va peut-être permettre un autre engagement de la population, un autre engagement des autorités.

Au niveau de ANKATA, on fait aussi une activité de coaching qu’on appelle ANKATA coaching où on aide les artistes qui ont des projets et qui ont envie de créer des spectacles ou des choses extraordinaires. Ce sont des  jeunes qui viennent de toute l’Afrique de l’Ouest et qui sont encadrés par  des grands artistes pour les booster pour qu’ils puissent passer des caps. On le fait une fois par an.

Aussi à ANKATA on fait l’accueil de résidence d’artistes. C’est pour des gens qui veulent créer des spectacles et qui veulent juste un lieu pour travailler donc on les accueille pour qu’ils puissent être à l’aise pour créer.

QNA : Africa Simply the Best, de quoi s’agit-il vraiment?

Serge Aimé Coulibaly: Africa Simply the Best est le concours chorégraphique solo de Bobo Dioulasso qui est panafricain c’est-à-dire qu’on lance le concours partout en Afrique et on sélectionne les 12 meilleurs de l’Afrique qui arrivent à Bobo pour une compétition durant 4 jours. A l’issue de cela, les trois meilleurs sont choisis pour leur promotion partout dans le monde afin qu’ils puissent s’envoler. Cette année, c’est du 08 au 11 Décembre. Les candidatures sont lancées et on a une quarantaine de personnes qui ont postulé.

QNA: Avez-vous déjà de nouvelles dates de tournée?

Serge Aimé Coulibaly : La Covid-19 nous a beaucoup affecté. Une tournée était prévue mais la pandémie a annulé 70 dates. Nous avons récemment joué à Lyon en France a la biennale de la danse de Lyon qui est un des plus grand festival de danse de France. On doit jouer en Slovaquie le 16 juin prochain. Jusqu’en novembre on a une tournée européenne. On tourne mais on tourne moins.

QNA : Quel est le rêve de Serge Coulibaly?

Serge Aimé Coulibaly: Mon rêve c’est continuer à faire grandir un espace comme ANKATA. C’est-à-dire d’abord pouvoir finir de construire ANKATA qui est toujours en phase de construction et aussi me sentir soutenu par mon pays. Mon rêve c’est aussi de voir les jeunes, les gens qui viennent travailler à ANKATA s’envoler de leurs

propres ailes pour développer la créativité, la création au Burkina Faso et en Afrique.

QNA : Avez-vous un dernier mot à dire, ou un message?

Serge Aimé Coulibaly: A l’ endroit des jeunes talents, il faut toujours avoir la force et l’abnégation de continuer à travailler, ne pas se décourager même quand on est incompris. C’est seulement en travaillant qu’on arrive à changer les choses.

Line Rose BAMBARA

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