Attaque terroriste à Ouagadougou
Jusqu’où ira l’Hydre ?
Le Burkina Faso, on le sait, à l’instar de ses pays voisins membres du G5 Sahel se trouve depuis 2015 dans l’œil du cyclone des groupes terroristes qui écument le Sahel. De nombreuses attaques dans la partie nord du pays et son lot de victimes classent cette localité de zone rouge mais Ouagadougou la capitale n’est pas du reste, même si jusqu’à présent, la qualification de zone à risque ne sied pas, la capitale burkinabé st loin d’être une enclave imprenable. En deux ans, la ville a connu trois (3) attaques faisant de nombreuses victimes et de considérables dégâts matériels. La dernière, plus spectaculaire que les deux précédentes nous amène à dire, sans se tromper, que le terrorisme a franchi un palier au pays des Hommes intègres. Aux grands maux, il faudra donc appliquer les grands remèdes.
Vendredi sanglant à Ouagadougou, on ne pouvait trouver mieux pour qualifier l’horreur que les burkinabè ont vécu en plein centre-ville de la capitale burkinabè, ce vendredi 2 mars 2018. C’est la troisième attaque en deux ans que la ville a connu, après le 15 janvier 2016 et les 13 et 14 août 2017. Elle aura été la plus violente et spectaculaire, pas au niveau du bilan mais au vu de ses cibles, l’ambassade de France et l’Etat-major général des armées du Burkina Faso des lieux hautement sécurisés faisant, selon un bilan officiel dressé par les autorités, 8 personnes tuées tous des militaires, 8 assaillants abattus et des dizaines de blessés parmi lesquels des civils et des militaires. Cette attaque parait être aussi, la première du genre au regard de son mode opératoire digne d’un film hollywoodien. En effet, c’est la première fois que des attaques se déroulent en pleine journée dans la capitale et en simultanée qui visent des forteresses qui jusqu’à-là étaient considérées comme imprenables. Et si on s’en tient aux propos du ministre de la sécurité, les terroristes ont fait usage d’un ‘’véhicule bourré d’explosifs’’ pour sauter le portail de l’état-major. Un véhicule piégé à Ouagadougou, c’est aussi une première. Cela démontre combien, il était aisé pour ces terroristes de préparer cette barbarie contre nos soldats. Il faudra y voir la piste de complicité sur notre territoire et même au sein de l’armée, qui selon certaines sources la quasi-totalité des assaillants étaient de nationalité burkinabè et les premières vérifications ont permis d’identifier parmi les assaillants tués un ex-soldat de l’armée burkinabè. L’armée est infiltrée certes, mais il appartient à elle de mieux s’organiser notamment au niveau du renseignement pour minimiser le désastre. Aucun pays ne peut se prémunir des attaques terroristes cependant la capacité de les réduire réside au niveau de son renseignement contrairement chez nous, au pays des Hommes intègres c’est chaque embuscade avec son lot de surprise, un élément nouveau non maîtrise ou encore une faille du dispositif sécuritaire qui profite bien aux terroristes. Jusqu’où ira l’hydre. C’est à croire que l’ennemi est toujours en avance, jusqu’où ira l’hydre ?
Cette double attaque a été (enfin) revendiquée par le Groupe de soutien à l’Islam et aux musulmans (GSIM), une coalition très active dans le nord Mali, à la tête de laquelle se trouve Iyad Ag Ghali, ce tueur mythique qui se fait souvent passer pour un intermédiaire dans les libérations des otages occidentaux. Dans un communiqué, envoyé à l’agence mauritanienne Alakhbar, la nébuleuse a affirmé avoir agi en réponse à la mort de plusieurs de ses leaders dont le chef jihadiste Mohamed Hacen Al-ançari dans un raid de l’armée française. Cependant, il est difficile de ne pas faire le lien de cette double attaque avec la mise en place progressive de la force sous régionale G5 Sahel qui bientôt (notre souhait) ne fera pas de cadeaux a ceux qui se trouveront sur son chemin. C’est fort probable que cette attaque vise à mettre du sable dans les roues de la force conjointe. Selon les propos du ministre de la sécurité, une réunion des officiers supérieurs des pays membres du G5 Sahel devrait avoir lieu dans une salle de l’état-major et cette salle a été littéralement détruite, on imagine si les rencontre n’avait pas été délocalisée ailleurs, ce qui serait arrivé. Et quid de l’ambassade de France ? La France est le principal allié de la sous-région dans la lutte contre le terrorisme, pour ne pas dire le parrain de la nouvelle force sous régionale. L’hexagone, en, plus d’être l’un des principaux bailleurs de fond, s’est constitué en démarcheur auprès des autres pays du Nord et de l’ONU pour un soutien accru aux pays du Sahel dans leur volonté de lutter contre les fous de Dieu. On avait donc pas besoin d’une quelconque revendication de ces attaques pour savoir qu’elles portent la signature de ceux qui ne souhaitent pas la mise place de cette force régionale.
Auguste Don de Dieu