ATTAQUE TERRORISTE DE LA GENDARMERIE DE DJIBASSO: Un gendarme a été informé quelques minutes avant les tirs
Dans la nuit du 31 août 2017 des individus armés présumés terroristes se sont infiltrés à Djibasso, une localité située au nord de Nouna à une vingtaine de kilomètres de la frontière malienne. Une attaque ciblée sur la gendarmerie qui a enregistré une perte en vie humaine et de nombreux dégâts matériels. Au lendemain de l’attaque la population était sous le choc et les témoins essaient de retracer la scène. Les autorités de la région étaient sur place pour témoigner leur compassion à la population endeuillée.
Arrivé sur le lieu le 1er septembre 2017, ce sont les murs de la gendarmerie visiblement noircis, des motos calcinées, des traces de balles sur les murs et du sang colorant le sol avec un silence funèbre qui laissaient entrevoir la gravité extravagante de cette attaque ignoble des assaillants. Le nombre douilles de balles qui s’élevait à 265 confirmait toute l’ampleur de la tragédie subie par les forces de défense et de sécurité et la population de Djibasso. Au nombre de 6 à pieds, les assaillants sont venus du côté sud de la ville de Djibasso en passant par la mairie, la préfecture avant d’atteindre la brigade de la gendarmerie où ils ont ouvert le feu sur la bâtisse. Et le Centre Populaire de Loisirs de Djibasso appelé maquis le ‘’CPL » juxtaposant la gendarmerie dont certains de ses clients se trouvant hors de la cour sous la lumière se sont mis à s’enfuir. Une fuite qui a amené les terroristes à ouvrir le feu sur le ‘’ CPL ‘’ arrosant l’assistant des douanes Barthélémy YE de balles, il succomba sur le champ.
Les bureaux de la gendarmerie cambriolés, des armes emportées avec trois engins incendiés devant ses locaux, un poste de télévision et un frigo saccagé. Comme si cela ne suffisait, ils se sont emparés de trois autres engins appartenant à des particuliers dont une moto Sirius d’un jeune policier. Ce sont ces engins qui leur ont permis d’organiser leur fuite. Selon les sources, ils ont traversé la ville en faisant des tirs de sommation, après s’être égarés avant de regagner la route du village de Kolonzo situé à 12km au nord-ouest de Djibasso en direction des grottes vers le Mali sans être inquiétés. Un jeune homme du nom de Diarra Paulin qui les a aperçu dix minutes avant l’attaque s’est dépêché d’aller informé le gérant du maquis CPL qui à son tour a informé la gendarmerie. Chose qui a permis de limiter les dégâts. « J’étais allé rendre visite à ma sœur et au retour je les ai aperçus sous les arbres. Quand ils m’ont vu, ils se sont couchés dans les herbes. Je suis allé me renseigner auprès du gérant pour savoir si les militaires étaient dans la zone. Ce dernier a joint la gendarmerie pour l’informer de la présence des personnes suspectes campées au bord du goudron. Et c’est juste 5 minutes après la communication que les tirs ont commencé provoquant la débandade des populations. Je me suis retrouvé dans une famille. Ma maison est située à 800 mètres de la gendarmerie. 45 minutes après l’arrêt des tirs en voulant rentrer chez moi, malheureusement je les croise encore au nombre de 6 qui se sont remorqués sur des petits engins avec de gros fusils en mains. J’ai eu tellement peur car ils sont passés juste à côté de moi ». Ce sont des propos de Paulin, avec des trémolos dans la voix. Son témoignage sera confirmé par le gérant du débit de boissons Lazare Kiemtoré que nous avons rencontré.
« Paulin est venu m’informer qu’il a vu des gens derrière la préfecture. J’étais dans le maquis. Sur-le-champ j’ai appelé le CCA pour savoir si les militaires étaient là. Il a répondu non. Et je l’ai informé qu’un jeune a vu des personnes suspectes non loin de la préfecture. Quelques instants seulement les tirs ont commencé et c’était la débandade totale », a-t-il affirmé. Avant d’indiquer que Certains (ndlr, les clients) se sont enfuis par la petite porte du maquis, d’autres en escaladant le mur. Le douanier était assis sur la terrasse avec des amis. J’étais avec ma fillette et je me suis réfugié dans ma belle-famille. Et ce n’est que le matin que j’ai appris le décès du douanier.
« C’était un ami et nous ne pouvions faire 3 jours sans se voir. Je suis vraiment choqué. Mon frigo ma télé ont été détruits par les balles, ils ont essayé d’emporter ma moto mais finalement ils l’ont et abandonnée car n’ayant pu la démarrer. Cependant ils ont coupé ses fils, arraché le compteur et tiré sur les deux roues avant de s’en aller », s’est-il confié.
Les autorités régionales et provinciales, les cadres de l’armée de la région tous étaient présents sur les lieux. Pour le Gouverneur par intérim de la région de la Boucle du Mouhoun, Maxime BOUDA, les terroristes étaient déterminés à endeuiller de nombreuses familles mais heureusement que les dégâts ont été limités grâce à la bravoure de nos forces de défense et de sécurité. Il a traduit toute sa compassion à la famille et aux collègues de Barthélémy YE le douanier décédé au cours de l’attaque, au nom du gouvernement il leur présente ses condoléances les plus attristées. Avant de se rendre au centre de formation sanitaire de Djibasso avec sa délégation pour s’incliner sur la dépouille, le Gouverneur a invité l’ensemble des populations à la franche collaboration, à ne pas hésiter à signaler toute personne suspecte auprès des forces de défense et de sécurité afin de sauver des vies.
Daouda Simboro, député et fils de la région dit être, il a invité la population à collaborer car « elles (ndlr, les FDS) sont là pour la population qui doit jouer sa partition en leur fournissant les renseignements nécessaires ». Il a aussi soulevé le problème de sécurisation de la gendarmerie qui n’a pas de clôture. « Les FDS ont besoin de matériel de capacité, de motivation et de remontrance psychologique », a-t-il ajouté.
Un arsenal militaire impressionnant arrivé tardivement campait sur les lieux. Ce n’est qu’aux environs de 11h que le procureur du Tribunal de Grande Instance a indiqué que l’enquête vient de commencer. Et la police de d’appréhender une personne suspecte à 13h. Rappelons qu’au 12 juillet 2017, des individus armés présumés djihadistes avaient pénétré la commune de Doumbala et ont été repoussés par les FDS.
Issa KOLGA
Correspondant à Nouna