Le Président Roch Marc Christian KABORE a accordé une interview à la chaîne internationale de télévision Al Jazeera le 18 mai 2017 à son siège à Doha au Qatar.
L’interview s’est faite en Arabe avec une traduction simultanée en français pour le Président du Faso. Pendant plus de trente minutes d’entretien, le Président du Faso a répondu à des questions relatives à l’actualité politique du Burkina avec notamment le procès en cours, à des questions sur la sécurité au Burkina et dans la sous-région ouest africaine et à l’actualité internationale. Le chef de l’État a répondu sans ambages à toutes les questions qui lui ont été posées.
Concernant le jugement engagé par la Haute Cour de justice, le Président Roch Marc Christian KABORE a affirmé qu’au Burkina Faso, il n’est pas « question de régler des comptes, mais de rendre justice au peuple burkinabè qui a connu beaucoup de victimes pendant l’insurrection populaire ». Selon le chef de l’État, « le peuple burkinabè réclame justice vis-à-vis de cet entêtement qui a été de vouloir prolonger le mandat du Président du Faso qui était Blaise COMPAORE. C’est pour cela que suite au décret qui a été pris pour donner mandat aux forces de sécurité d’utiliser les armes en cas de nécessité, il était tout à fait normal que des procédures soient engagées contre ce gouvernement et la Haute Cour de justice a été saisie ». Au terme d’une réclamation des avocats de la défense, le procès a été suspendu en attendant une décision du Conseil constitutionnel. Ce qui fait dire au Président du Faso que le procès doit se dérouler « dans les règles de l’art », en respectant toutes les procédures.
Toujours en rapport avec ce jugement et la réconciliation nationale, le chef de l’État a expliqué que suite à un vote de l’Assemblée nationale accordant l’armistice à tous les chefs d’État du Burkina Faso, l’ancien Président devait quitter le pouvoir en 2015 au terme de son mandat et partir tranquillement. « Mais Blaise COMPAORE a raté le rendez-vous
avec l’histoire en voulant persister, en voulant rester au pouvoir ». C’est ainsi que la transition a décidé de revenir sur l’ensemble de ces privilèges accordés aux chefs de l’État pour permettre à ce que la justice soit rendue. De ce point de vue, pour aller à la réconciliation, le Président Roch Marc Christian KABORE pense qu’il faut « la vérité, la justice et la réconciliation et non solder les faits ». Après ce jugement, poursuit le Président du Faso, « si le peuple décide d’accorder son pardon, l’on pourra en ce moment emprunter cette voie ».
Sur la tentative de coup d’État pendant la transition, le Président du Faso a fait comprendre que « la justice s’est intéressée d’abord aux acteurs nationaux qui ont voulu de force ramener l’ancien régime au pouvoir ». Sur l’implication d’acteurs extérieurs dans cette tentative de coup d’État, le chef de l’État a affirmé qu’il ne « peut pas anticiper sur le travail de la justice ». En attendant, il a « salué l’action du peuple burkinabè et des militaires loyalistes qui a permis de faire échouer cette aventure de vouloir ramener l’ancien Président au pouvoir ; une action qui a permis de poursuivre le processus qui a conduit aux élections et à l’établissement de la démocratie ». Ce procès, réaffirme le Président du Faso n’a pour seule ambition que de « rétablir la vérité et non de procéder à des règlements de comptes ». « Personne ne sera brimée dans ses droits », a-t-il rassuré.
Y a-t-il un lien avec les attaques terroristes ? Interroge le journaliste. Affirmatif, répond le Président du Faso, sinon, comment comprendre les attentats en plein cœur de Ouagadougou avec une trentaine de victimes, quelques jours seulement après la formation du gouvernement post élection, les attaques aux frontières nord du pays ? Mais grâce à la détermination et à l’engagement des forces de défense et de sécurité sur le terrain « nous avons réussi à ramener l’accalmie et nous avons un bon contrôle sur nos frontières », affirme le Président du Faso qui a du même coup salué l’engagement de la force Barkhane aux côtés des forces armées du Burkina, du Mali et du Niger. Dans ce combat contre le terrorisme, le Président reconnaît qu’il faut des équipements conséquents, des appuis multiformes et à ce niveau, la sous-région
s’organise avec le G5 Sahel qui regroupe cinq pays. Au niveau des trois pays que sont le Burkina, le Mali et le Niger, les armées s’organisent également pour assurer la surveillance de leurs frontières, avec le soutien de partenaires. Mais en plus de la nécessité de « combattre militairement le fléau, il faut entreprendre de véritable politique de développement dans les zones touchées qui se sentent délaissées, pour arriver à bout du terrorisme », prévient le chef de l’État.
Répondant à une question relative à la monnaie et à l’économie, le Président du Faso affirme qu’en « plus de l’indépendance politique acquise dans les années 1960, il nous faut acquérir l’indépendance économique et sur cette question, les États s’organisent et poursuivent la réflexion, avec l’apport des activistes ».
Sur la présence de la Chine sur le continent, le Président Roch Marc Christian KABORE a réaffirmé la position du Burkina qui entretient des relations avec la Chine-Taiwan.
Avant de quitter les locaux d’Al Jazeera, le Président du Faso qui s’est entretenu à son arrivée avec ses premiers responsables, a salué la ligne éditoriale de la chaîne internationale qui dit-il, fait un formidable travail d’information et de formation et a souhaité que la chaîne étende son réseau d’information en prenant en compte le français.
La Direction de la Communication de la Présidence du Faso