Burundi : L’opposition politique devra-t-elle croire en la parole de Pierre Nkurunziza

Pas de 4ème mandat pour le président burundais, Pierre Nkurunziza. La nouvelle constitution n’a pas été sur mesure comme le dise nos ennemis. Ce sont les mots du chef de l’Etat dans un discours à la Nation. Scepticismes du côté de l’opposition et de la société civile. Cette annonce, véritable revirement de la situation ou non au Burundi ? qu’est ce qui a motivé cette décision ? Décision d’autant plus surprenante qu’elle intervient après l’adoption d’une nouvelle constitution controversée qui lui ouvre la voie à deux nouveaux mandats de 7 ans. Mais aujourd’hui, le président décrié depuis 4 ans, affirme qu’il n’en sera rien. L’opposition, elle, ne l’accorde pas le bénéfice du doute.

Le président burundais Pierre Nkurunziza, prendre en contrepied ses détracteurs en juin dernier. Il ne briguera pas un nouveau mandat lors de la présidentielle de 2020. Une annonce faite dans le discours de promulgation de la nouvelle constitution, adoptée à l’issu du référendum du 17 mai 2018. Une nouvelle constitution qui permettait pourtant de briguer un nouveau mandat. Il assure désormais son soutien au candidat qui sera élu lors du prochain scrutin présidentiel. « Suivant mon discours à la Nation en 2015 quand j’ai été réélu, suivant la constitution de Burundi en 2005 sur laquelle j’ai prêté serment, suivant celle que nous venons de promulguer, j’annonce solennellement au monde que mon mandat prendra fin en 2020. La nouvelle constitution n’a pas été mise en place pour Pierre Nkurunziza. Je respecterai la parole que j’ai donnée lors de mon investiture en 2015. Je m’engage à soutenir celui qui sera élu comme nouveau président de la République en 2020 », avait-il dit.

Les derniers mois au Burundi ont été marqués par de vives contestations notamment au projet de révision constitutionnelle. Les opposants dénonçaient une manière pour garantir la longévité au pouvoir du président Pierre Nkurunziza. Une constitution qui selon l’opposition enterre l’accord de paix d’Arusha signé en 2000, favorable au partage du pouvoir politique et ethnique.

De l’avis de l’opposition, cette annonce du Pierre Nkurunziza est une vaste blague. « il s’agit d’une vaste blague parce que si telle était la volonté de Nkurunziza, pourquoi aurait-il forcé un référendum, pourquoi aurait-il mis en place deux constitutions qui cohabitent, pourquoi n’a-t-il pas attendu les négociations d’Arusha pour que les burundais puissent décider ensemble la suite ? comment est-ce qu’on peut faire confiance à un homme qui a déjà violé la constitution en 2015 en s’arrogeant un 3ème mandat, un homme qui préfère avoir 7% des populations burundaises en exil ? comment est-ce qu’on peut croire une seule seconde en la parole d’un tel homme ? »

Avis partagé par certains analystes politiques, qui estiment que Pierre Nkurunziza n’est pas digne de confiance et si l’opposition croit à sa déclaration, elle n’aura que ses yeux pour pleurer en 2020. Pour eux, si Pierre Nkurunziza au pouvoir depuis 2005 a forcé pour avoir un troisième mandat en 2015, à modifier la constitution contre vents et marée, qui a mis au placard les accords d’Arusha qui devaient aider le pays à sortir de la crise politique ou ethnique, il n’y a pas lieur de lui accorder le bénéfice du doute, car c’est purement une stratégie de sa part.

En 2015, le président Pierre Nkurunziza avait briguer un 3ème mandat, enfreignant ainsi l’article 96 de l’ancienne constitution du pays. On se pose donc  la question si cette annonce de ne pas briguer un 3ème mandat n’est pas purement stratégique, c’est-à-dire gagner du temps pour en fin de compte déclaré sa candidature de la prochaine élection présidentielle.

Après d’intense protestations de plusieurs mois, la CENI proclamait Pierre Nkurunziza vainqueur avec 69,41% des suffrages exprimés. Depuis lors, une franche de l’opposition qui se retrouve au sein de la diaspora n’a de cesse contester toutes les initiatives du président Nkurunziza. Depuis lors, le président Pierre Nkurunziza est au cœur de la controverse. Les ONG, l’opposition s’en vont débout. Il y’a également l’ONU et la CPI qui a d’ailleurs ouvert une enquête sur le régime de Bujumbura.

En rappel, depuis deux ans, ce sont au total 1200 morts causés par la crise postélectorale, parce qu’il a forcé de briguer un 3ème mandat, plus de 400 000 déplacés/réfugiés. Il a également commis des crimes contre l’humanité.

Le Dougoutigui pour le QNA

 

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