Toutes les femmes ne courent pas le même risque de développer un cancer du sein. Or, le dépistage est proposé à toutes après 50 ans, car l’âge joue un rôle majeur dans cette maladie. Mais parmi les femmes plus jeunes, lesquelles faudrait-il surveiller particulièrement ?
C’est à cette question qu’a voulu répondre la Haute autorité de santé (HAS, un organisme public indépendant), par un dossier publié ce 19 mai. La HAS y passe en revue tous les facteurs de risque présumés pour le cancer du sein : ils sont 69 au total, de la prise d’un contraceptif à la présence de ce cancer dans la famille.
Résultat : les situations où il est conseillé de passer des mammographies régulières même en-dessous de 50 ans ont pu être dégagées avec précision :
– Avoir déjà été soignée pour un cancer ;
– Avoir subi une radiothérapie thoracique à haute dose ;
– Certains cas familiaux de cancer du sein ;
– Certaines lésions du sein.
Ainsi, les médecins disposent désormais de recommandations pour le dépistage de leurs patientes qui se trouvent dans ces cas-là.
UNE CONTROVERSE ENTOURE LE DEPISTAGE ORGANISE
A noter que le dépistage organisé du cancer du sein est depuis quelques années au cœur d’une controverse, car la mise en place de programmes à large échelle a engendré une baisse de la mortalité par cancer du sein moins importante qu’attendue.
Des critiques que la HAS veut balayer, considérant que mieux cibler le dépistage envers les femmes qui en ont vraiment besoin permettra d’en augmenter les performances.
De plus, « La HAS rappelle l’intérêt du dépistage systématique par mammographie des femmes de 50 à 74 ans », peut-on lire dans le rapport.
- Lire : Cancer du sein : pourquoi son dépistage ne fait pas l’unanimité – S&V n° 1143, décembre 2012
LES FACTEURS DE RISQUE SOUPCONNES A TORT
L’étude de la HAS a aussi permis de faire la lumière sur les facteurs de risque qui ne méritent pas d’attention particulière. De nombreux comportements ou substances sont en effet soupçonnés d’être impliqués dans le cancer du sein, sans que leur importance soit clairement établie.
D’après l’analyse de la HAS, ils se regroupent en trois catégories :
1. les facteurs qui n’augmentent pas le risque de survenue du cancer du sein : tabagisme, prothèses en silicone, consommation de café, thé, tomate, pamplemousse.
2. les facteurs pour lesquels il n’existe pas de preuve robuste du lien avec le cancer du sein : taille des seins, densité mammaire élevée après la ménopause, port de soutien-gorge, déodorant, travail de nuit.
3. les facteurs associés à une augmentation modeste du risque de survenue du cancer du sein : consommation d’alcool, de viandes grasses, prise de contraception hormonale, traitement hormonal substitutif, ne pas avoir mené de grossesse à terme, grossesse tardive, diabète de type 2, obésité.
« Pour l’ensemble de ces facteurs de risque, il n’y a pas lieu de réaliser de surveillance spécifique », indique la HAS. En revanche, l’organisation publique fait noter que « l’allaitement (de plus d’un an cumulé pour tous les enfants) ainsi que la naissance du premier enfant avant 30 ans sont des facteurs protecteurs modestes ».
Par contre, la HAS insiste sur « les conseils d’hygiène de vie recommandés également en prévention du diabète et des maladies cardiovasculaires », notamment l’activité physique et une alimentation équilibrée, reconnues pour être des facteurs protecteurs.