(VIDEO) Aujourd’hui sort en salles Il était une forêt, film documentaire de Luc Jacquet, réalisateur de La Marche de l’Empereur. Une plongée au cœur de la forêt équatoriale en Amazonie et en Afrique centrale.
Des déserts gelés de l’Antarctique aux luxuriantes forêts primaires, il n’y a qu’un pas, semble-t-il. Un pas que Luc Jacquet a très bien su franchir. Après La Marche de l’Empereur, le réalisateur revient, en effet, avec le documentaire Il était une Forêt.
Aidé d’une jolie prose et de vertigineuses prises de vue de la canopée – mêlées à quelques images de synthèse, il nous raconte comment naissent, vivent et meurent les forêts tropicales.
Elles mettent environ 700 ans pour devenir ce qu’elles sont aujourd’hui. Tout commence avec les arbres pionniers. Ils luttent pour atteindre la lumière en se développant le plus vite possible, afin littéralement de se faire une place au soleil. Dans ce contexte où environ 300 graines occupent un mètre carré de sol, seuls les arbres qui se montrent génétiquement les plus forts se développent. Puis, pour survivre, ils doivent se protéger des attaques extérieures.
La liane passiflore, par exemple, qui porte les fruits de la passion, se faisait dévorer par la chenille du papillon Heliconius. Par le hasard d’une mutation, ses feuilles sont devenues toxiques. Jusqu’à ce qu’Heliconius ne soit insensible à ce poison et devienne lui-même toxique pour ses prédateurs. Alors une autre espèce de cette liane a développé des feuilles d’une forme différente, pour tromper le papillon. Une fois de plus, à force de temps, ce dernier a reconnu la supercherie… jusqu’à ce qu’à l’avenir la passiflore mute à nouveau et puisse résister à son prédateur.
Pour réaliser ce film, Luc Jacquet s’est appuyé sur l’expertise et la passion de Francis Hallé, ancien professeur de botanique à l’université de Montpellier et auteur de nombreux livres sur le sujet. Plus qu’une caution scientifique pour ce documentaire, il en est aussi l’instigateur original, l’unique personnage et le narrateur. On l’y voit arpenter la jungle et grimper aux arbres pour réaliser ses croquis.
Les menaces sur l’environnement ne sont pas le point central du film, comme elle l’étaient dans Home, de Yann Arthus-Bertrand, par exemple. Celui-ci contient toutefois une part de plaidoyer pour la conservation de ces lieux méconnus et menacés. « Je n’imaginais pas, quand j’ai commencé ma carrière, que les grandes forêts tropicales disparaîtraient sous mes yeux, en à peine cinquante ans », déplore Francis Hallé.