Il était une fois, le Burkina Faso et la Côte d’Ivoire. C’est une longue histoire qui selon certains spécialistes précède l’arrivée du colon. Les deux pays liés par l’histoire mais aussi par la géographie entretiennent des relations séculaires, des relations de fraternité loin d’être toujours un long fleuve. Aujourd’hui, plus de 4 millions de burkinabè vivent en Côte d’Ivoire depuis la migration imposée par le colonisateur en 1919 pour besoin de main d’œuvre. Les deux nations entretiennent des relations de complémentarité qui ont souvent évolué en dents de scie mais aussi et surtout par des moments d’excellente relations. La tenue du TAC, le traité d’amitié et de coopération chaque année dont les pères fondateurs sont les Présidents Compaoré du Burkina et Laurent Koudou Gbagbo de la Côte d’Ivoire en est l’illustration parfaite. Cours d’histoire donc sur deux pays frères et amis que tout uni.
Ce n’est pas une simple formule diplomatique que de dire que le Burkina et la Côte d’Ivoire sont deux nations unies par l’histoire, la géographie et même par le sang. A l’image des gans dans le sud-ouest qui sera une branche du groupe ethnique arkan en Côte d’Ivoire, plusieurs autres ethnies du Burkina trouvent leur racine en territoire ivoirien. Los d’une interview accordée à nos confrères de la RTB, Pierre Claver Hien explique : « Lorsque le royaume de Kon a été fondé dans le Nord de la Côte d’Ivoire, ce royaume a donné naissance au Burkina Faso actuel en ce qu’on a appelé l’empire du Gwiriko autours de Bobo-Dioulasso, alors cela veut dire que y’avait des populations apparentées qui se sont forgées des institutions de gouvernance parfois les mêmes, et entre lesquels il y’avait une total mobilité pour des questions de commerce, d’échanges et autres ».
La colonie de Haute Volta voit le jour en 1919. Une frontière artificielle voit le jour, dressée entre les deux pays. Une frontière qui n’est qu’un trait d’union entre deux possessions de la même puissance coloniale avec une mission commune : enrichir la France.
« Dans la construction économique et même géopolitique du colonisateur, la Côte d’Ivoire devait fournir à la France, des matières premières telles que le cacao, le café, le bois, etc. mais pour le faire, la Côte d’Ivoire devait compter absolument sur ce qu’on appelait l’immense réservoir de mains d’œuvre voltaïque », ajoute le spécialiste des questions historiques.
C’est donc par ce canal qu’à partir de 1919, des milliers de voltaïque migraient vers la Côte d’Ivoire voisine pour travailler dans divers chantiers. Et en 1932, la colonie de la Haute Volta fut supprimée. En dehors des localités comme Nouna, Dori, Arbinda et Fada N’Gourma, tout le territoire a été rattaché à la Côte d’Ivoire. Une bonne partie des voltaïque est donc devenue ivoirien du jour au lendemain. « Il y’a eu des voltaïque habitant la capitale Abidjan et des ivoiriens habitant la Haute Côte d’Ivoire, créée en 1937, mais tout faisait partie de la Côte d’Ivoire », dit-il.
La Haute Volta fut reconstituée en 1947 et la communauté de destins a poussé les élites politiques des deux nations à se battre côte à côte pour l’indépendance. Les deux nations entretiennent des relations de complémentarité qui ont souvent évolué en dents de scie mais aussi et surtout par des moments d’excellente relations.
« L’amitié entre le président Houphouët Boigny et le président Maurice Yaméogo est légendaire. Certes, il y’a eu une évolution en dents de scie, mais il n’y a jamais eu rupture en tant que telle, bien au contraire, car quand le feu brulait au Burkina Faso, c’est la Côte d’Ivoire qui éteint et vice versa », affirme Pierre Claver Hien.
Tel un couple qui a traversé tantôt des moments de vive amour, tanto par des moments difficiles, on est tenté de dire que le Burkina et la Côte d’Ivoire demeure deux pays inséparables et même si certains politiciens ne le reconnaissent pas, il convient de saluer les Présidents Compaoré et Gbagbo pour la mise en place du TAC, qui est une occasion pour les nations burkinabè et ivoiriennes de rester toujours souder
Alfred Sié KAM/Rédaction QNA