DOMESTICATION: CELA FAIT PLUS DE 5.300 ANS QUE LE CHAT EST L’AMI DE L’HOMME

Le chat n’est peut-être pas le meilleur ami de l’homme, titre que se disputent le cheval et le chien, mais c’est l’un des plus anciens. Une nouvelle étude publiée le 16 décembre 2013 dans les Proceedings of the National Academy of Sciences révèle des traces de domestication des chats remontant à plus de 5.000 ans. Rien à voir avec les 18.000 ans d’ancienneté des relations entre l’homme et le chien, selon les travaux publiés dans la revue Science par Robert Wayne en novembre 2013. Mais tout de même, 5.000 ans, cela compte.

Pour Fiona Marshall, professeure d’archéologie à l’université Washington à Saint-Louis et co-auteure de l’étude, les chats auraient été attirés dans les anciens villages de fermes par les petits animaux, tels que les rongeurs vivant dans le grain issu des cultures et stocké par l’homme. Ainsi, déjà à l’époque, c’est bien la nourriture qui attirait les chats vers nous…

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Le village de Quanhucan agissait de cette façon il y a 5.300 ans. Les chats étaient alors commensaux de l’homme, à leur avantage. Même si ces félins n’étaient pas encore domestiqués, les chercheurs estiment qu’ils vivaient à proximité de l’homme dans une relation qui présentait des bénéfices mutuels.

Preuve de cette absence d’intimité, les restes de chats sont rarement découverts sur les sites archéologiques. Il semble que leur véritable domestication remonte à l’Egypte ancienne, il y a 4.000 ans. Néanmoins, quelques indications montrent que nos relations avec les félins pourraient être bien plus anciennes. Ainsi, à Chypre, un chat sauvage a été enterré avec un homme il y a près de 10.000 ans.

Reste à savoir comment s’est déroulée la domestication des chats. Une théorie estime qu’elle s’est déroulée naturellement du fait des animaux eux-mêmes motivés par leur attirance pour les nombreux rongeurs vivants près des hommes. Mais cette hypothèse n’a pas été confirmée par des preuves.

Le travail de Fiona Marshall et de ses collègues s’appuie sur celui de l’équipe de Yaowu Hu de l’Académie des sciences chinoise. Cette dernière a analysé huit os provenant d’au moins deux chats déterrés près de Quanhucan. La datation aux isotopes du carbone ainsi que l’analyse des traces de carbone et d’azote dans les os de chats mais aussi de chiens, de cerfs er d’autres animaux sauvages découverts à proximité a démontré que les chats sauvages de l’époque se sont faits une place dans la société humaine. C’est la culture du millet, datant de 5.000 ans avant JC dans les bassins des fleuves Yangtsé et Huang He, qui aurait favorisé ce rapprochement.

Certains éléments de construction des greniers à grain montrent que les hommes de l’époque avaient des problèmes avec les rongeurs se nourrissant avec leur récolte de millet qui servait à leur consommation mais également à celle des chiens et des porcs.

Chat sauvage du Proche-Orient (Felis silvestris) considéré comme l’ancêtre de la plupart des chats domestiques vivant acutellement. Photo: Péter Csonka (Wikimedia Commons)

D’autres indices suggèrent que les relations entre les hommes et les chats s’étaient déjà resserrées il y  a plus de 5.000 ans. En effet, l’un des ossements analysés appartenait à un chat âgé, ce qui démontre qu’il avait survécu longtemps dans le village. Un autre mangeait moins de rongeurs et plus de millet qu’à l’état sauvage, soit parce qu’il dérobait la nourriture des hommes, soit parce qu’il était nourri par eux.

Des études récentes menées sur l’ADN montrent que la majorité des 600 millions de chats domestiques vivant actuellement sur Terre sont les descendants du chat sauvage du Proche-Orient, l’une des cinq sous-espèces du Felis silvestris lybica. Le rôle des chats chinois dans la filiation reste à préciser, en particulier celui qu’il a joué lors du début de la domestication. Un sujet qui doit être approfondi par des chercheurs chinois et français.

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