Un vaccin expérimental vient d’être testé aux États-Unis sur des humains, 20 adultes volontaires sains, avec des résultats très encourageants : tous ont produit des anticorps, ce qui pourrait les immuniser contre le virus. Mais il reste encore à valider deux phases de tests à plus grande échelle dans les pays infectés avant de pouvoir déclarer vaincue la maladie.
Dans cette phase I, il s’agissait de contrôler la réaction du système immunitaire de personnes saines et de vérifier l’absence d’effets secondaires néfastes. Et les résultats, publiés le 26 novembre dans le New England Journal of Medicine (NEJM), sont plus qu’encourageants : sur les 20 volontaires sains, dont la moitié a reçu une faible dose du vaccin et l’autre une forte dose, tous ont produit des anticorps au virus dans les 4 semaines suivant l’injection, et seuls deux patients ont déclaré une fièvre légère et passagère au lendemain de la vaccination.
LE SYSTÈME IMMUNITAIRE RÉAGIT TRÈS BIEN À LA PRÉSENCE DES PROTÉINES DU VIRUS EBOLA
Le vaccin testé, nommé cAd3-EBO et conçu en août par la firme internationale GlaxoSmithKline (GSK), contient deux protéines des virus Ebola-Zaïre (souche de l’épidémie actuelle) et Ebola-Soudan, soit 2 souches sur les 5 qui existent, greffés sur un virus du rhume des chimpanzés (adénovirus de type 3 ou cAd3) rendu inoffensif pour l’homme par manipulation génétique. Ces protéines d’Ebola sont responsables de la pénétration du virus dans les cellules humaines, aussi le système immunitaire réagit de sorte à entraver cette pénétration : d’une part, ses lymphocytes B fabriquent des anticorps (protéines) qui détectent les protéines d’Ebola dans le sang et les neutralisent (ils s’agglomèrent autour), d’autre part des lymphocytes T sont lâchés dans le sang afin de s’attaquer spécifiquement au virus porteur de ces protéines ou aux cellules infectées (ils les « digèrent »). Les analyses ont montré que le deuxième mécanisme s’était également déclenché chez les volontaires ayant reçu la plus forte dose.
Avec plus de 5600 morts et environ 16 000 personnes infectées en Afrique de l’Ouest, la méthode scientifique habituelle de conception d’un vaccin a été largement raccourcie : après cette phase I en laboratoire aux Etats-Unis, les phases suivantes devraient démarrer en 2015, selon l’Institut des allergies et des maladies infectieuses américain (Niaid) qui a pris part à l’étude. Le vaccin sera alors administré à des personnes saines mais exposées au virus qui circule en ce moment en Afrique de l’Ouest. Cette phase permettra d’évaluer le dosage optimal du vaccin, et d’estimer la durée de protection obtenue (s’il est efficace, faudra-t-il des rappels à plus ou moins court terme ?). C’est seulement alors que l’on pourra le cas échéant crier victoire. En attendant, d’autres vaccins sont également en test au Mali, en Suisse et en Grande-Bretagne.
Publication Science et Vie / Traité par A Burlo pour SC INFO