Interview exclusive avec le rappeur burkinabè KAYAWOTO : <>, martèle le roi des Maoulandais

Kayawoto, voici un nom qui n’est plus à présenter aux mélomanes burkinabè et même d’ailleurs. Méconnu il y a de cela quelques années, ce fils de Pouytenga, localité située à 137 km à la sortie à l’Est  de la capitale Ouagadougou, a su se frayer un chemin et surtout à se faire une place confortable dans l’arène musicale burkinabè. Agé seulement de 26 ans, le chef de la Maouland (empire virtuel qu’il a lui même crée), partage les mêmes scènes que ses aînés misiciens. Abdoul Kaboré, à l’état civil, semble bien compris l’adage <<Aux âmes bien nées, la valeur n’attend point le nombre d’années>>. Avec ses collègues de la nouvelle génération, ils ont la rage de valoriser et d’amener très loin la musique burkinabè. Mais une telle prouesse ne peut se réaliser sans avoir au préalable une assise nationale confortable. Evidemment, c’est à la recherche de cette assise, que celui qui est aussi appelé le « Rakanra Biiga » (le fils du riche) a decidé d’organiser un concert au palais des sports de Ouaga 2000, fort de plus de 7.000 places. Pour l’avoir en entretien, il nous a fallu près de trois semaines de patience, ponctuées de relances, tant son programme est très chargé. Quel est l’état actuel de l’organisation du concert? Quels sont les rapports qu’il entretient avec ses collègues de l’ancienne et de la nouvelle génération du rap burkinabè? Comment a t-il fait la rencontre de sa dulcinée San Yoshida? Bref, voici en exclusivité Kayawoto dans les colonnes du Quotidien Numérique d’Afrique (Q.N.A).

Q.N.A: Bonjour Kayawoto, veuillez vous présenter à nos lecteurs.

Kayawoto:  Moi c’est Kayawoto, à l’état civil Abdoul Kaboré dit Rakanra Biiga. Maouuu!!! (son cri de guerre).

Q.N.A: Quelle est l’origine de votre nom Kayawoto?

Kayawoto: En fait « Kayawoto », c’est le nom de mon grand-père. J’ai pris ça comme nom d’artiste dans le but de lui rendre hommage.

Q.N.A: Dites nous, comment êtes-vous arrivé dans la  musique?

Kayawoto: Déjà à mon enfance, j’aimais écouter la musique et c’est de là que petit à petit, ma passion pour la musique est née. Arrivé à l’école, je m’amusais à faire des « freestyle »avec mes camarades. Alors, un jour j’ai décidé de concrétiser cette passion en rentrant au studio et voilà que ça a marché.

Q.N.A: Le public burkinabè vous découvre  en 2018 avec votre single « Taabé Yonssé »et rien qu’en l’ espace de trois ans, vous avez connu une ascension  fulgurante. Comment expliquez-vous  cela?

Kayawoto: Je peux même dire que c’est en deux ans. Effectivement, toutes nos sorties musicales sont couronnées de succès et on ne peut que remercier Dieu pour ça. Mes remerciements vont à l’endroit de mes fans également. Tout ce que je peux dire là dessus, c’est que ce succès est en partie dû aux stratégies déployées et à l’inspiration aussi. C’est la force de Dieu qui m’accompagne. Je ne peux rien ajouter au-delà de ça (Rires).

Q.N.A: Dans certains milieux, il se murmure qu’il existerait une rivalité entre vous et votre concurrent direct qui est Amzy. Qu’avez-vous à dire à ce propos?

Kayawoto: Vous savez, qu’on le veuille ou pas, les gens vont nous imposer une concurrence. La comparaison est certainement née du fait qu’on est tous les deux de la même génération, et en plus on fait le même style musical. Et je trouve cela normal, car dans tous les domaines de la vie, il y a toujours de la concurrence.

Q.N.A: Donc vous insinuez que c’est juste une saine concurrence entre vous?

Kayawoto: À ce niveau, les gens peuvent imaginer tout ce qu’ils veulent. Moi je ne sais pas trop ce que eux ils entendent par rivalité. Moi je suis juste en compétition avec moi même.

Q.N.A: Dans la plupart de vos chansons, les thèmes « fortune »et « vie de luxe »sont récurrents. Comment expliquez-vous  cela?

Kayawoto: Oui bien sûr, car on ne vit et on ne travaille que pour avoir l’argent. Les gens travaillent pendant de longues heures, rien que pour avoir de l’argent. Par ailleurs, j’évoque fréquemment le thème « argent », car c’est le principal moteur de la vie. Pour cela, je m’inscrit en faux contre ceux qui disent que l’argent ne fait pas le bonheur. C’est quand survient surtout un problème de santé dans une famille, que l’on aperçoit toute la valeur de l’argent.

Q.N.A: On va parler un peu de votre vie privée, dites nous comment avez vous fait la rencontre de votre dulcinée San Yoshida?

Kayawoto: Hummm bon (hésitations). On s’est rencontré comme ça, de la même manière que les couples se croisent (Rires). Je ne veux pas trop m’étaler là dessus. (Rires).

Q.N.A: Parlons maintenant de votre concert du 12 juin 2021, où en est-on avec l’organisation proprement dite?

Kayawoto: Côté organisation, on a vraiment frappé fort. La communication aussi est savamment ficelée. Vous l’aurez remarqué qu’on vient de lancer le nouveau teaser (extrait d’un clip vidéo) du single « Vinoogo »(merveilleuse vie, en mooré) en collaboration avec Ténor (rappeur camerounais). Pour le concert, je suis confiant qu’on jouera à guichets fermés et pourquoi pas en recto verso. C’est notre objectif et je profite inviter les « Maoulandais »(habitants de son empire virtuel, la Maouland) à sortir massivement pour mon tout premier concert. En faisant le déplacement du palais des sports de Ouaga 2000, ces derniers ne le regretteront pas.

Q.N.A: D’aucuns trouvent insuffisante la communication qui est faite autour de votre concert et émettent même des doutes quant à votre capacité de mobiliser grand monde ce 12 juin. Que leur répondez-vous?

Kayawoto: À ces gens, j’ai envie de leur poser la question à savoir comment ils ont su qu’il y a concert. Si communication il n’y avait pas, ces derniers n’allaient pas savoir que Kayawoto a un concert. Pour des gens qui vivent à Ouaga, peut être qu’ils ont des motifs inavoués quand ils font de telles affirmations. Sinon, tous les médias, toutes les plateformes numériques…sont inondés de la publicité de notre concert.

Q.N.A: N’avez-vous pas peur de ne pas être à la hauteur ce 12 juin?

Kayawoto: Le sentiment de peur je l’ai abandonné depuis que je suis tout petit. Quand tu nais en Afrique et particulièrement au Burkina Faso, au regard des conditions parfois difficiles, il te faut beaucoup de courage pour tenir (Rires). Déjà, c’est parce qu’on est courageux qu’on a opté pour le palais des sports.

Au départ, c’était le stade (municipal, ndlr) qu’on visait. Mais comme on ne nous l’a pas autorisé, raison pour laquelle nous nous sommes rabattus sur le palais des sports. Yeah!!!

Q.N.A: Quels sont vos rapports avec les artistes de l’ancienne génération du rap burkinabè?

Kayawoto: Les kôrôs (aînés, en langue dioula) me conseillent et me soutiennent quotidiennement à travers les partages de mes oeuvres sur les réseaux sociaux. Je n’ai aucun problème avec eux. Donc ce serait mentir pour moi si je disais qu’ils ne me soutiennent pas.

Q.N.A: Récemment, l’artiste Smarty a fait une sortie musicale qui continue de susciter des réactions au sein  artistes. Après avoir écouté son titre Rien À Prouver, quel commentaire  faites-vous?

Kayawoto: Humm bon je l’ai écouté comme tout le monde. Je n’ai aucun commentaire là dessus.

Q.N.A: Et vos rapports avec ceux de la nouvelle génération?

Kayawoto: Idem avec eux aussi, on se conseille et on se soutient entre nous pour  pouvoir aller de l’avant. Vous avez remarqué que sur les réseaux sociaux, presque eux tous ont remplacé leur photo de profil par le sticker de notre concert. Tout ceci démontre à souhait la solidarité entre nous les artistes. La mentalité des burkinabè a beaucoup changé. Désormais au Burkina Faso, on préfère voir un enfant du pays remplir les grandes salles.

Q.N.A: Quel est votre mot de fin?

Kayawoto: Je lance un appel à tout le public burkinabè, qu’il soit Maoulandais ou pas, à faire massivement le déplacement du palais des sports de Ouaga 2000 ce 12 juin 2021. Si ce concert réussit, c’est tout le Faso qui aurait réussi et cela va apporter plus de visibilité et de respect pour notre pays surtout à l’international. Je ne peux finir aussi sans te dire merci beaucoup pour l’interview. Maouuuu!!!

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 Entretien réalisé par Abdoul Karim TAPSOBA   

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