Focus :Rituels funéraires des jumeaux chez les Punu du Congo-Brazzaville

Comme dans beaucoup de sociétés africaines, les jumeaux bénéficient d’une attention particulière chez les Punu Congo. Vénérés comme des génies de l’eau, au moment de leur naissance et leur mort, ainsi qu’en cas de maladie, des rites élaborés leur sont consacrés. Chants et danses en sont les composantes essentielles.

Selon les Punu, les jumeaux, à la différence des enfants ordinaires, gardent un contact avec le monde des génies durant toute leur vie. Les exigences posées aux parents impliquant la douceur, la propreté, la sérénité, la générosité et le respect, amplifient celles imposées à la mère ordinaire. Les Punu considèrent les jumeaux comme originaires du monde des génies de l’eau. Du fait de ce rapprochement entre génies et jumeaux, leurs parents, et surtout les mères, sont très respectés dans la société punu. De ce fait, en raison de leur appartenance au monde des génies de l’eau, leur  funérailles sont régies par des pratiques rituelles particulières.

Ainsi, il est interdit de déclarer ouvertement qu’un jumeau est mort. Mais plutôt dire qu’« il est allé couper des noix » ou qu’« elle est allée chercher de l’eau », afin que le jumeau survivant ne soupçonne rien et ne soit pas tenté de suivre le défunt. Pour la même raison, l’assistance ne peut pas pleurer et est tenue de chanter et de danser sans arrêt, le visage peint de points rouges et blancs. La gardienne de jumeaux (obligatoirement une mère de jumeaux ou une femme qui a eu des révélations de la part des génies) verse du vin de palme autour du jumeau défunt et lui souffle de temps à autre le médicament des jumeaux. C’est en courant à toute vitesse et en versant des seaux d’eau le long de la route que le défunt est emmené à sa tombe.

Au moment d’introduire le défunt dans la fosse, la vigilance doit être de mise, afin que rien n’y tombe, car les jumeaux n’aiment pas la saleté. Du vin de palme est ensuite aspergé dans la fosse. Enfants, les jumeaux sont enterrés en position assise, les jambes croisées ; adultes, en position allongée. Ensuite la gardienne de jumeaux souhaite au défunt un bon retour vers le monde aquatique et le supplie de ne pas cesser de donner le bien-être au village.

Une fois le cercueil dans la fosse, les participantes se mettent alors à danser autour de la tombe. En même temps, la gardienne des jumeaux creuse un trou devant la tombe au niveau de la tête du défunt et y fait de la boue avec du vin de palme, et actuellement aussi avec du vin rouge. La tradition voudrait que les femmes qui désirent être enceintes et les hommes qui espèrent une chasse fructueuse s’ enduisent le corps de ce mélange. Ensuite, la gardienne plante des arbres dans le trou. Pour finir, les participants partagent de la nourriture étalée sur des feuilles.

Roseline BADO

Source: journals.openedition.org/africanistes/2816#ftn1

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