Les polémiques autour des gélules FACA utilisés comme traitement contre la drépanocytose vont train au Burkina Faso et pour cause, il existe du FACA de mauvaise qualité sur le marché, selon le Dr Badioré Ouattara, un chercheur qui a participé aux travaux de recherche sur ce médicament. En tant que chercheur principal, il doute de l’efficacité du FACA depuis un certain temps, il pointe du doigt le dosage. Il a animé un point de presse le lundi 13 novembre dernier à Ouagadougou pour situer l’opinion nationale et internationale sur les enjeux liés au produit FACA.
La drépanocytose est une maladie génétique du globule rouge, elle est caractérisée entre autres, par une hémoglobine anormale et des douleurs atroces pour le malade. Le FACA est un médicament à base du mélange de poudres d’écorces de racines de deux plantes médicinales à savoir le Fagara et le calotropis. Les travaux scientifiques de l’Institut de recherche en sciences de la santé (IRSS) sur les mélanges de ces deux plantes ont toujours été sources de polémiques. Cette conférence de presse a pour but de contribuer à outiller les médias avec des preuves scientifiques afin qu’ils jouent davantage leur partition pour une rapide émergence du meilleur prototype de ce médicament et pour le bien des drépanocytaires, a indiqué le Dr Badioré.
Le FACA est un produit homologué au Burkina Faso depuis les années 2010. Cependant des sujets à polémique ont entrainé la méfiance de certains malades pour le FACA, l’impossibilité de l’homologuer en dehors du Burkina, le manque de confiance des procédures scientifiques ayant générées le FACA homologué au Burkina Faso de la part de personnalités et institutions scientifiques, des plaintes en justice contre des institutions et pharmaciens en rapport avec la mise sur le marché du FACA.
Le Dr Badioré Ouattara ne met pas en cause l’efficacité du FACA dans le traitement de la drépanocytose mais plutôt sa composition posologique. Défenseur de ce produit pharmaceutique devenu un label de la médecine burkinabè au plan mondial, le docteur Ouattara relève des erreurs dans la formule de base de cette gélule anti-drépanocytaire.
Inspiré d’une recette traditionnelle, la recette pharmaceutique du FACA enregistre, selon lui, des erreurs de dosage. « La formule de base c’est 46% de fagara et 54% de calotropis. C’est ça la formule thérapeutique, et quand on regarde que c’est le fagara qui est le plus actif, il y’a de forte chance que sa formule soit plus active », explique le Dr Ouattara.
Selon Badioré Ouattara, ces erreurs font du FACA un produit toxique avec une posologie mal définie. Il prend pour exemple une des patientes de la pharmacie Wobi qui prenait le FACA avec des doses inappropriées et cela se faisait sentir par des diarrhées et des vomissements.
La dose normale, à l’entendre, ne doit excéder 10 milligrammes par kg de poids corporel par jour. Cette polémique autour du produit FACA, l’amène jusqu’à reposer la question de la relation entre pharmaciens et tradipraticiens, « la plus part des médicaments des pharmaciens, c’est quand ils ont mené leurs enquêtes, ils améliorent et ils deviennent ainsi leurs tradi-thérapeutes. Pour que les tradi-thérapeutes s’ouvrent, il faut qu’ils mangent dedans ».
Ancien chercheur principal du FACA, le Dr Badioré Ouattara dit mener ce combat pour que les erreurs commises soient corrigées pour le bonheur des drépanocytaires.
Alfred Sié KAM/QNA