GREVE A L’IUT/UK :Les étudiants réclament la suppression des frais de formation
L’institut universitaire de technologie est traversé par un mouvement depuis le 20 avril. Les étudiants de l’institut Universitaire de Technologie de l’université de Koudougou sont en grève jusqu’à ce jour contre leur administration de tutelle pour une question de suppression des frais de formation de certaines filières
Pourtant tout semblait évoluer normalement à l’Université de Koudougou après la grève des enseignants, ce qui a d’ailleurs permis d’organiser des évaluations, des délibérations et à l’Institut Universitaire de Technologie de tenir sa session de soutenance pour les étudiants en fin de cycle dans les différents parcours.
Du reste, le constat que l’on puisse faire à présent est tout à fait le contraire. Cette autre branche de l’université est traversée par un vent paralysant le déroulement normal des activités académiques. Les étudiants jugeant leurs conditions d’étude « pénibles » sont allés en grève pour réclamer l’amélioration desdites conditions. « Je suis tout à fait d’accord parce qu’étant étudiant, je vois les conditions dans lesquelles nous prenons les cours et se déroulent les travaux pratiques. », a expliqué apollinaire Yaméogo en deuxième année de marketing. Pour lui, c’est la détérioration de leurs conditions liée à la carence d’application qui a été le fer de lance du mouvement de grève.
En effet, les étudiants de l’IUT ont, à travers cette manifestation, dénoncé l’attitude de leur administration. Selon eux, elle œuvre moins pour la professionnalisation de leur formation qui est d’ailleurs le leitmotiv de leur présence dans ce temple du savoir. Ils ont, pour l’occasion, listé un certain nombre de problème qui se classe en volet infrastructurel, académique et pédagogique. « Sur le plan infrastructurel, nous assistons à un manque de classes assises et d’entretien de celles déjà existant. Ce qui fait que les étudiants sont obligés de se retrouver dans une partie de la salle pour prendre cours parce que les fenêtres et les vitres sont cassées et avec l’absence de rideau, les rayons du soleil envahissent en grande partie les salles. » C’est du reste ce qu’a expliqué Drissa zombré délégué général de la corporation de l’ANEB à l’IUT. Même son de cloche pour Toussaint Kaboré en génie civil troisième année. « On ne peut même pas faire convenablement cours dans les salles et faire une projection », a-t-il dit. Pour eux, l’état actuel des salles dont ils revendiquent l’amélioration est un frein pour leur épanouissement et la tenue des activités indispensables à la formation. Mais pour l’heure, « il y a un manque de laboratoires et de salles d’informatiques alors que c’est un institut de formation professionnel », a déploré Drissa Zombré. A cela s’ajoute la tenue normale des cours. En effet, selon eux, l’administration à décidé la suspension d’un module jadis enseigné dans les facultés de technique administrative. Pour Zombré, il y a un « (…) bâclage de notre formation à travers la suppression du bain linguistique pour les étudiants en technique administrative. », a-t-il remarqué. Et d’ajouter « avant, il y avait une sortie d’étude qui était organisée au Ghana pour les étudiants en TA. C’est une sortie qui entre dans le cadre de leur formation. A partir de 2013 jusqu’à aujourd’hui, cette sortie a été supprimée alors que les étudiants en réclament. »
Malgré les tentatives d’explication des autorités sur les frais de formation, l’idée de sa suppression n’a pas été écartée. Dans une note adressée aux étudiants, le Président de l’université Georges Sawadogo a pour sa part expliqué le processus de paiement dans les universités publiques. Pour lui, « les frais de formation n’ont jamais varié dans les établissements. Dans toutes les universités publiques du Burkina, les frais d’inscription sont fixés à quinze (15000) FCFA. » Seulement, continue-t-il « (…) pour les structures de formation professionnalisant comme l’IUT, des recrutements pour compléments d’effectifs sont autorisés par les textes règlementaires. (…) Le recrutement a toujours été autorisé sous condition de l’acquittement de frais de formation d’un montant déterminé, par les candidats alors sélectionnés par voie de test, les recrutés sur titre devant s’acquitter d’un montant supérieur. » Ledit recrutement concerne les filières/parcours de formation en techniques industrielles.
Selon le Dr Robert Yougbaré, Directeur Adjoint de l’Institut c’est la spécificité de la structure qui explique l’existence des frais de formation et par rapport au recrutement de cette année, un communiqué a précisé les termes du recrutement qui ne concerne pas du tout les anciens étudiants qui sont en 2e et 3e années. Nous a-t’il laisser entendre. Et d’ajouter : « En technique industrielle, la condition qui avait été posée au départ pour qu’on ouvre cette filière était qu’il fallait que les étudiants paient. Le recrutement à l’époque n’était pas synonyme d’exemption de quoi que ce soit. C’était simplement une façon de sélectionner les candidats parce qu’il avait été claire qu’on ne pouvait pas ouvrir cette section tant que les étudiants n’allaient pas payer. Donc on ne peut pas venir revendiquer de nouvelles conditions parce que c’est comme un contrat. On vient et même si les choses changent on continue avec les mêmes termes du contrat. » A-t-il expliqué.
Pour les étudiants, cette question des frais de formation est une forme d’arnaque mis en place par l’administration. « Quand tu fais le test et que tu es admis, on t’oblige à payer 35000f + 15000f comme frais de formation. Chose qui n’est pas normale dans les universités publiques du Burkina, ceux qui sont admis au test payent 15000 et par contre ceux qui ne sont pas admis payent les frais de formation. C’est un système d’arnaque qui est organisé ici. Il y a eu de nombreuses démarches qui ont été entreprises pour résoudre cette question des frais de formation. L’administration a elle-même reconnu cette injustice et à proposer que ceux qui viendront cette année seront exemptés des frais de formation. Mais pour ceux qui étaient là et qui ont lutté pour mettre fin à cette injustice elle veut les laisser à continuer dans le processus. Ce qui n’est pas normal. » Nous raconte Toussaint Kabore.
Prince Omar