Hiroo Onoda, soldat pendant la Seconde Guerre mondiale, a vécu caché pendant 30 ans dans la jungle philippine en continuant la guerre tout seul. Il s’est éteint à 91 ans.
PUBLICITÉ
«Mon esprit n’a pas été recueilli, j’ai trompé tout le monde.» Hiroo Onoda s’amusait, il y a peu encore, que son nom ait été cité pendant des dizaines d’années au mémorial Yasukuni, sanctuaire qui honore les 2,5 millions de japonais morts dans les guerres modernes du Japon. Il était ainsi surnommé «Ika Ta Ita Ere», que l’on pourrait ainsi traduire par «l’esprit vivant de ceux qui sont morts au combat». Vendredi, Hiroo Onoda est mort tranquillement dans son lit, à l’âge de 91 ans.
Près de 14 ans après la fin de la guerre, en 1959, les autorités n’avaient plus d’espoir de revoir vivant celui qui était entré dans la jungle en 1944. Formé aux techniquex de la guérilla, il est envoyé sur l’île de Lubang, aux Philippines, alors occupées par le Japon. Il reçoit comme mission, de son supérieur, Yoshimi Taniguchi, de s’attaquer aux Américains pour les empêcher de débarquer. Et un ordre: ne jamais se rendre et tenir coûte que coûte jusqu’à l’arrivée de renforts. On lui promet que quoi qu’il arrive, on reviendra le chercher.
Hiroo Onoda n’est pas seul dans son exil philippin. Trois autres camarades l’accompagnent.Tous pourtant vont échouer, puisque les Américains reprennent l’île en 1945. Les quatre soldats continuent le combat malgré la reddition des troupes japonaises: ils ne sont tout simplement pas au courant. Un premier, cependant, fait défection en 1950 et se rend aux autorités philippines. Le Japon, qui les croyait morts, redécouvre ainsi leur existence.
En 1954 l’un de ses deux compagnons est tué dans un accrochage avec les forces de l’ordre. Le Japon tente de faire entendre raison aux deux derniers survivants en larguant des tracs au-dessus de la jungle lui annonçant que la guerre était finie. Peine perdue: pour les deux hommes, toute annonce de la défaite est vécue comme une tentative de duperie de la part des ennemis du Japon. Et ils continuent à se battre. En 1972, ils attaquent les militaires philippins. Kozuka, le dernier compagnon d’arme d’Onoda, est abattu.
Le Japon se rend alors une seconde fois compte qu’ils ne sont pas morts et envoie des membre de sa famille pour essayer de lui faire entendre raison. Là encore, peine perdue. Il faut aux autorités japonaises l’idée de recontacter son ancien supérieur de l’époque, Yoshimi Taniguchi, depuis reconverti en libraire. Seul cet homme arrive à lui faire entendre raison.
À son retour au Japon en 1974, il expliqua lors d’une conférence de presse que pendant ses trente années au cœur de la jungle philippine, il n’avait eu qu’une seule chose en tête: «Exécuter les ordres.» Il était le dernier soldat japonais naufragé de la Seconde Guerre mondiale.