Les supergaz à effet de serre HFC (hydrofluorocarbones) utilisés dans les systèmes de réfrigération et de climatisation vont progressivement être éliminés au sein de l’Union européenne

Les supergaz à effet de serre HFC (hydrofluorocarbones) utilisés dans les systèmes de réfrigération et de climatisation vont progressivement être éliminés au sein de l’Union européenne. Un compromis entre les gouvernements et le Parlement européen a été trouvé, mardi 17 décembre, au terme de difficiles mois de négociations. Il prévoit une réduction de 79 %  d’ici à 2030 de ces gaz industriels dont le pouvoir de réchauffement est en moyenne 3 500 fois supérieur à celui du CO2, le principal gaz à effet de serre.

L’élimination des HFC est considérée comme l’une des mesures les plus rapides et les plus efficaces pour lutter à court terme contre le changement climatique. Leur présence dans l’atmosphère est liée aux fuites observées sur des appareils défectueux ou en fin de vie et pour lequel le recyclage n’est pas assuré. S’ils ne contribuent aujourd’hui qu’à 2 % environ des émissions mondiales, la croissance très rapide de leur production fait entrevoir une multiplication par dix de ce chiffre au cours des trois prochaines décennies. Selon le Programme des Nations uniespour l’environnement, le retrait total de ces gaz au niveau mondial permettrait d’infléchir la courbe du réchauffement de 0,5 °C d’ici à 2050. 100 milliards de tonnes d’ équivalent CO2 sont en jeu, dix fois plus que les objectifs fixés par leprotocole de Kyoto sur le climat.

PARVENIR À UN ACCORD MONDIAL

« Cet accord est une étape majeure vers le retrait de gaz à effet de serre parmi les plus dangereux. Nous espérons qu’il va donner une impulsion aux négociations engagées dans le cadre du protocole de Montréal pour parvenir à un accord mondial », a déclaré la commissaire européenne au climat Connie Hedegaard.

Depuis deux ans, des initiatives volontaires ont été prises pour réduire l’utilisationdes gaz à effet de serre à courte durée de vie, auxquels appartiennent certains HFC. La principale d’entre elle, soutenue par les Etats-Unis, a débouché sur la création en février 2012 de la Coalition pour le climat et l’air pur à laquelle adhère maintenant une quarantaine de pays.

Washington et Pékin se sont rapprochés en juin en acceptant de collaborer dans le cadre d’un programme de travail commun pour l’élimination des HFC. Mais l’Union européenne, avec l’adoption de ce règlement, va beaucoup plus loin, en organisant une extinction programmée de ces super-polluants. Au niveauinternational, la résistance de l’Inde ou de l’Arabie saoudite, respectivement gros producteur et gros consommateur de HFC, est un obstacle à l’introduction de législation contraignante.

 

Toutes les entreprises qui introduisent ces gaz sur le marché européen sont concernées par l’accord. Elles seraient au total une centaine dont deux seulement – Arkema et Solvay – à les produire sur le territoire de l’Union. « Nous sommes parvenus à un point d’équilibre satisfaisant entre les objectifs environnementaux et la prise en compte des capacités des industriels à produire de nouveaux gaz »,estime Nicolas de Warren, directeur des affaires institutionnelles d’Arkema, le deuxième producteur mondial de HFC.

SUBSTANCES INFLAMMABLES

Depuis la signature du protocole de Montréal en 1987, destiné à éliminer les gaz contribuant à l’appauvrissement de la couche d’ozone, les industriels ont dû tour à tour supprimer les CFC (chlorofluorocarbones) puis les HCFC (hydrochlofluorocarbones). « Les contraintes techniques sont fortes. Nous devonssubstituer des molécules fluorées inertes par des substances dont l’inflammabilité est beaucoup plus élevée ,ce qui pose évidemment une question de sécurité »,poursuit M. de Warren. Les entreprises qui depuis 2006 sont déjà tenues dedéclarer les quantités de HFC qu’elles commercialisent en Europe recevront des quotas de vente dont le volume diminuera progressivement jusqu’en 2030. Le « pouvoir de réchauffement global » des nouveaux gaz ne devra pas dépasser150 fois celui du CO2.

Le cas des climatiseurs installés dans les véhicules automobiles a fait l’objet d’un traitement à part.  Depuis le 1er janvier, une directive européenne impose de ne plus employer l’unique gaz, le « 134 A » jusqu’alors utilisé par tous les constructeurs au niveau mondial.

lemonde

(Visited 10 times, 1 visits today)