Le célèbre styliste ivoiro-burkinabè Pathé Ouédraogo fête le cinquantenaire de sa marque “Pathé’o”. Il a fait et continue de faire voyager la mode africaine au-delà de plusieurs frontières. De Nelson Mandela, en passant par le roi du Maroc Mohammed VI, le Rwandais Paul Kagame et le milliardaire nigérian Aliko Dangote, tous ont porté des créations de Pathé Ouédraogo.
C’est de fil en aiguille que le petit tailleur de quartier autodidacte à ses débuts est devenu un styliste de renoms. Pathé Ouédraogo, raconte son histoire. Né en 1950, à l’époque de la colonisation française en Haute-Volta, qui deviendra le Burkina Faso le 4 août 1984, Pathé’O émigre à 19 ans en Côte d’Ivoire. Il cherche d’abord à travailler dans les plantations de cacao où il est refoulé car de constitution trop frêle. Il rejoint alors Abidjan, où il s’improvise tailleur dans un petit atelier loué pour quelques francs à Treichville, le cœur populaire de la capitale économique ivoirienne. Et c’est de là qu’ il a construit patiemment son succès. En 1987, il remporte un important concours local, les Ciseaux d’or, ce qui le fait connaître. Dix ans plus tard, le président sud-africain Nelson Mandela porte l’une de ses chemises lors d’une visite officielle en France et lui fait une grande publicité. Le roi du Maroc Mohammed VI, le président du Rwanda Paul Kagame, le milliardaire nigérian Aliko Dangote, l’homme le plus riche d’Afrique, et beaucoup d’autres personnalités et stars du showbiz, figurent aujourd’hui parmi ses clients. « Il a apporté la fierté de porter les tissus africains », explique le créateur ivoirien Gilles Touré, qui considère Pathé’O comme son « mentor » et celui qui lui a donné la chance d’embrasser le métier de styliste, a rapporté Le Monde.
Booster l’economie africaine
« Il y a cinquante ans, je n’imaginais pas en arriver là. C’est extraordinaire ! », déclarait il y a quelques jours, lors d’une conférence de presse à Abidjan, en Côte d’Ivoire. La maison Pathé’O compte des boutiques dans une dizaine de pays africains et emploie une soixantaine de personnes, notamment des teinturiers, des tailleurs, des couturiers, et repasseurs. Le savoir-faire de la maison est unique. Pathé’O utilise de la teinture « mouchetée », la « mouchetée imprimée », la « salade », la teinture « nuage », les tissages en « faso dan fani » (un tissu du Burkina Faso). Le combat du “papa” de la mode africaine est de “changer l’image de la mode en Afrique, la faire reconnaître comme un secteur économique à part entière et un instrument pour le développement”. Pour lui, il faut passer de l’artisanat à l’industrie, produire plus, pour faire avancer l’Afrique. Du haut de ses 70 ans, le styliste continue son combat pour la mode africaine et a célébré ses 50 ans de carrière, le 29 mai dernier. A l’occasion, Pathé’O a inauguré son nouveau siège social, un bâtiment moderne et vaste dans le quartier huppé de Cocody, à Abidjan, qui abritera aussi la fondation éponyme, dont l’objectif est de « faire émerger une nouvelle génération de créateurs africains ». L’icône de la mode a été élevé au rang d’officier de l’ordre national par le gouvernement ivoirien durant cette fête. Son message à l’endroit des jeunes apprenants : “On conseille les jeunes, tous ceux qui ont embrassé ce métier, de se battre et de mieux apprendre le métier. La mode, c’est l’avenir ! ” a insisté le célèbre styliste Pathé’O, selon Rfi.
Line Rose