Après Kiembara mardi, c’est l’hôtel de ville de Lankoué, commune rurale située à une cinquantaine de kilomètres de la ville de Tougan de servir de cadre d’échange le mercredi 10 Octobre 2018, autour de la question épineuse du mariage précoce et forcé des filles. Cette rencontre, initiée, par l’Union des Religieux et Coutumiers du Burkina pour la Promotion de la Santé et du Développement (URCB/SD) avait pour but la sensibilisation des leaders administratifs, religieux et coutumiers pour lutter contre cette pratique.
Phénomène social très répandu dans le Sourou, le mariage précoce et forcé des filles est l’une des pratiques traditionnelles néfastes qui compromet l’avenir de la jeune fille et du jeune garçon de la province. Et pour freiner ce phénomène, une mission de l’URCB conduite par Issaka Sawadogo et Assane Gansoré, est allée à la rencontre des leaders d’opinion de Lankoué pour les sensibiliser sur la problématique de ce » fléau qui constitue une gangrène entravant l’épanouissement de la jeune fille, compromettant ainsi son avenir, » a plaidé Issaka Sawadogo. Il a dépeint dans un tableau sombre la situation de la pratique dans la région de la Boucle du Mouhoun en général et du Sourou particulièrement avec souvent des cas à faire froid dans le dos. Les conséquences, souligne-t-il, sont souvent irréversibles pour la fille et sont d’ordre biologique, psychologique et social. Pour Gansoré Assane, un dialogue franc et sans tabou entre les parents et les enfants permettra d’éviter de telle situation et il les à inviter à plus de responsabilité car, renchérit-il, ‘’ l’avenir radieux de leurs enfants leur incombe’’. Le chef de terre de Lankoué a reconnu l’existence du phénomène qui, dit-il, était jadis inexistant. D’autres participants ont évoqué leur impuissance face au phénomène, la honte et l’humiliation ressenties lorsque leur fille contracte une grossesse hors mariage. À ces inquiétudes, similaires dans toutes les communes traversées, les responsables de l’URCB les ont encouragés à ne pas rompre le dialogue et à bannir toute idée d’abandon de la fille. Ils entendent aussi organiser les jeunes en clubs afin qu’ils soient les porte-voix auprès de la jeunesse, sensibiliser les dignitaires religieux pour un plaidoyer dans les mosquées, les églises et lieux de cultes et une consultation périodique des premiers responsables administratifs. Au sortir de ces échanges, les participants, venus des sept villages rattachés de Lankoué se sont engagés au côté de l’URCB, à combattre sans répit cette menace qui entrave l’avenir de leurs enfants.
De ce fait, certains responsables désignés « leaders champions » se sont retrouvés dans la soirée dans la commune de Kiembara pour poser les jalons et peaufiner des stratégies pour mieux appréhender le défi futur de la lutte contre le mariage précoce et forcé des filles dans le Sourou.
ADAMA BARRO, correspondant