A l’origine du Printemps érable au Québec, la volonté de son gouvernement de briller dans les palmarès mondiaux.
Si le Québec flambe depuis trois mois, si les étudiants ne quittent plus la rue, c’est un peu la faute au classement de Shanghaï. A l’origine de la très forte hausse des frais de scolarité voulue par le gouvernement. «Nous voulons augmenter les moyens des universités pour leur permettre d’être bien placées dans la compétition internationale » a en effet expliqué le premier ministre québécois, Jean Charest, libéral.
le abus de palmarès nuit gravement à l’université… et aux étudiants !
C’est sans doute là l’exemple le plus flagrant des effets délétères de ces palmarès internationaux qui font florès depuis quelques années à travers la planète. Au point que, déjà l’an passé, la très libérale OCDE, celle-là même qui fait de la mise en compétition des pays une vertu dénonçait « la marchandisation du savoir ». L’institution qui a inventé la célèbre enquête Pisa avait convié une poignée de journalistes à une rencontre discrète au siège de l’Unesco, elle aussi préoccupée par cette question. Objectif: sonner le tocsin dans les milieux « bien informés » et tenter d’organiser un contre-feu à l’explosion des classements internationaux et leurs effets délétères. « C’est aujourd’hui la deuxième industrie de l’Australie!», s’émouvait un responsable de l’Unesco.
Principal outil de séduction auprès des étudiants internationaux prêts à payer cher pour leurs études,ces palmarès font déjà des ravages dans les choix budgétaires des pays riches – tentés de favoriser leurs world class univerisities au détriment des autres – mais aussi dans les pays émergents. Et c’était un spectacle savoureux que de voir Richard Yelland, chef de division à l’OCDE et expert en matière de « benchmarking », s’alarmer, sans rien perdre de sa retenue toute anglo-saxonne:« L’université a aussi une mission éducative, économique au plan régional, etc. On ne peut pas s’intéresser qu’aux classements internationaux! »