Les choses s’empirent de jour en jour au Zimbabwe après la proclamation des résultats faisant d’Emmerson Mnangagwa de nouveau Président. Un constat qui n’est pas de l’avis de l’opposition mettant ainsi la population dans la rue. Et les spécialistes du Zimbabwe sont unanimes, le pays est en « eaux troubles » et pouvoir comme opposition doivent gérer une situation délicate pour leur survie.
Les élections présidentielles du 30 juillet faisaient d’Emmerson Mnangagwa, le président sortant, de nouveau président. Pour ce faire, le Mouvement pour le changement démocratique (MDC, opposition) a crié à la fraude quant à la victoire du président sortant Emmerson Mnangagwa du parti Zanu-PF qui est au pouvoir depuis plus de quatre décennies. En effet, la commission électorale avait déclaré Emmerson comme vainqueur dès le premier tour avec 50,8% des voix contre 44,3% pour Nelson Chamisa de l’opposition. Il était déjà au pouvoir depuis novembre 2017 après la prise du pouvoir par un coup de force contre Robert Mugabe qui fut son mentor. Contestant, le MDC a décidé de présenter le vendredi 10 août 2018 son recours contre les résultats de la présidentielle. La Cour constitutionnelle aura ensuite 14 jours pour trancher. Cependant c’est le chao dans la rue, la répression des manifestations du 1er août contestant l’annonce de la victoire de Mnangagwa a fait au moins six morts et des dizaines de blessés. Cette situation pourrait compromettre le souhait de Mnangagwa de redorer l’image du pays enfin d’attirer les investisseurs.
Le recours peut-il marcher ?
Sur la question bon nombre d’observateurs restent incrédules même si le MDC a parlé de « fraude ». Pour Alexander Noyes, spécialiste Afrique, du Center for Strategic and International Studies (CSIS) c’est déjà une peine perdue. « Les tribunaux du Zimbabwe ont un long passé de partialité favorable à la Zanu-PF et il est peu probable que les juges, dont beaucoup doivent leur postes au parti au pouvoir, prennent des décisions favorables à l’opposition », se justifie-t-il. Pour certains l’opposition a peut-être raison mais va-t-elle réussir à démasquer ces fraudes ? Alors que d’autres estiment qu’Emmerson Mnangagwa a peut-être tout simplement gagné l’élection en s’appuyant sur un parti qui a su mobiliser les militants. Autre théorie : Robert Mugabe, en affirmant qu’il allait voter pour le MDC, lui a peut être donné le « baiser de la mort ».
Le régime reste-t-il le même malgré l’évincement de Mugabe ?
Sur ce point, les observateurs de l’étranger restent catégoriques, il n’y a pas eu de changement malgré le départ de Rober Mugabé. Cette répression, cette violence qui se passaient sous le régime de Mugabe continue. Le nouveau président a toutefois donné des assurances à l’opposition et à la communauté internationale, en réclamant une « enquête indépendante » sur les événements du 1er août et les victimes qu’il a provoquées. Mais pour Mme Dendere, ce n’est pas l’opposition mais l’état désastreux de l’économie dont doit se soucier Emmerson Mnangagwa. L’opposition quant à elle risque de déflagrer, selon Derek Matyszak. « Nelson Chamisa a pris le contrôle du parti dans des circonstances particulières après la mort de Morgan Tsvangirai (le chef historique du parti, ndlr) en février et malgré l’opposition virulente de plusieurs courants. Maintenant qu’il a perdu l’élection, les blessures peuvent se rouvrir et il peut y avoir des luttes internes. Je vois le parti en eaux troubles, » explique-t-il.
Aubin. O/QNA