Tolérance zéro aux mutilations génitales féminines (MGF): au ministère de la femme, on veut accélérer l’élimination des MGF d’ici l’an 2030
A l’occasion de la journée internationale « tolérance zéro » aux Mutilations génitales féminines, célébrée le 06 février, la première responsable du ministère de la Femme revient sur la nécessité de mettre fin, par cette déclaration, à ces différentes pratiques qui n’honorent certainement pas la femme, d’ici à 2030.
La date du 06 février, a été instituée « Journée Tolérance Zéro » aux Mutilations Génitales Féminines (MGF) en 2003 par le Comité interafricain sur les pratiques traditionnelles affectant la santé des femmes et des enfants (CI-AF) lors de la Conférence internationale sur les Mutilations Génitales Féminines à Addis-Abeba. Sa proclamation comme Journée internationale a été entérinée par l’Assemblée générale des Nations Unies à travers la résolution A/RES/67/146 « Intensification de l’action mondiale visant à éliminer les Mutilations Génitales Féminines » du 20 décembre 2012.
Le paragraphe opérationnel 21 de cette résolution, engage le système des Nations Unies, les États, la société civile et tous les acteurs concernés à continuer de célébrer cette journée le 06 février, et à saisir l’occasion pour intensifier les campagnes de sensibilisation et prendre des mesures concrètes contre les Mutilations Génitales Féminines.
Pour réaffirmer son engagement à traduire la résolution des Nations Unies en actes concrets et à atteindre l’objectif de la Tolérance Zéro aux Mutilations Génitales Féminines, le Burkina Faso, porteur du projet de résolution à la tribune des Nations Unies, commémore annuellement la journée du 06 février à travers une série d’activité coordonnée et pilotée par le Secrétariat Permanent du Conseil National de Lutte contre la Pratique de l’Excision (SP/CNLPE).
Cette année, le CI-AF propose aux États de centrer la réflexion sur le thème : « Établir un lien solide et interactif entre l’Afrique et le reste du monde afin d’accélérer l’élimination des Mutilations Génitales Féminines d’ici l’an 2030 ».
Ce thème vient encore une fois de plus nous rappeler la nécessité de conjuguer nos efforts au plan sous régional, régional et international.
De plusieurs études réalisées au plan mondial sur les MGF, il ressort que l’Afrique regroupe le plus grand nombre de pays où cette pratique traditionnelle néfaste persiste. Il est donc plus que nécessaire qu’elle puisse établir avec le reste du monde des mécanismes de partage d’expériences et de plaidoyers afin de barrer la voie à toutes les formes de cette pratique.
Si l’engagement des États à atteindre la « Tolérance Zéro aux MGF » est une réalité à travers l’adoption de la résolution A/RES/67/146, il reste que des efforts doivent être faits de façon concrète et concertée entre l’Afrique et le reste du monde au plan législatif et institutionnel, dans le domaine du partenariat et de la mobilisation des ressources.
Au Burkina Faso, la présente commémoration intervient dans un contexte marqué par la persistance de la pratique et l’apparition de poches de résistance dans plusieurs parties du pays avec l’utilisation des frontières comme base arrière par les auteurs de MGF et leurs complices. Cependant, il faudra noter l’impact certain des actions de promotion de l’élimination des mutilations génitales féminines au Burkina Faso. Le taux de prévalence qui était de 13,3 % en 2010 pour la tranche d’âge de 0 à 14 ans est passé à 11,2% en 2015 pour la même tranche.
L’accroissement du nombre de dénonciation est aussi une preuve de l’adhésion sans cesse grandissant des populations à la protection des femmes et filles contre les MGF. Il convient de maintenir les acquis et de travailler à sauver en urgence la proportion d’environ un million de filles de 0 à 14 ans menacée chaque année d’excision. Si on ajoute à cela les cas d’excision pratiqués sur des filles et femmes de plus de 15 ans la situation devient plus préoccupante.
Face à ces défis qui doivent être relevés en vue d’atteindre la « Tolérance Zéro aux MGF », le Burkina Faso a retenu le thème national suivant : « La mise en œuvre du Plan Stratégique National (PSN) de Promotion de l’élimination des Mutilations Génitales Féminines 2016-2020 : défis et perspectives. ». Le PSN est le référentiel de tous les intervenants en matière d’actions pour l’élimination des MGF au Burkina Faso. Il est le troisième plan qui sera mis en œuvre. Ce programme s’inscrit dans les objectifs du développement durable (ODD) et du Plan national de développement économique et social (PNDES 2016-2020) à travers son axe 2, intitulé « développer le capital humain ».
Afin de garantir la réussite des activités inscrites dans ce plan et de le faire connaitre, il est important que toutes les composantes de la promotion de l’élimination de la pratique des MGF au niveau national et international soient informées de son contenu à travers des actions de vulgarisation et de sensibilisation.
Parallèlement à ces actions, la commémoration de la journée du 06 février doit être mise à profit pour renforcer la sensibilisation auprès des populations au niveau central et déconcentré.
C’est pourquoi, Ouagadougou a été retenue pour abriter la cérémonie officielle marquant la commémoration de la 14e édition de la « Tolérance zéro aux Mutilations Génitales Féminines ». Partout au Burkina Faso, nous devons marquer cette journée d’une pierre blanche afin d’éviter d’exposer la vie des enfants à la mort et aux autres conséquences sous le coup de l’ignorance et le prétexte de la tradition.
Le Ministre de la Femme, de la Solidarité Nationale et de la Famille
Aris SOMDA