Nous sommes dans un hôpital. Un patient souffre d’une insuffisance rénale, une affection qui lui a été diagnostiquée très récemment. Heureusement, il va pouvoir bénéficier d’une transplantation rénale, ce qui lui permettra d’échapper à un traitement par dialyse.
Une transplantation pour laquelle il n’aura pas eu à attendre un don issu d’un donneur, puisque ce nouveau rein sera issu… d’un porc. Un organe qui, après recours à un procédé chimiquespécifique, pourra être greffé dans l’organisme du malade sans le moindre risque de rejet.
Pure fiction ? Voire. Car si une telle performance n’est certes pas réalisable à l’heure actuelle, il pourrait en être tout autrement dans l’avenir. Et pour cause, puisque des chercheurs américains duMassachusetts General Hospital (Boston, États-Unis) viennent de réussir à recréer un rein parfaitement fonctionnel en laboratoire, puis à le greffer sur un rat.
Comment le spécialiste de la médecine régénérative Harald Ott et ses collègues ont-il procédé ? Tout d’abord, ils ont prélevé un rein sur un rat mort, dont ils ont ôté les cellules à l’aide d’une sorte de détergent. Résultat : il ne restait plus que l’architecture en collagène de l’organe et ses vaisseaux sanguins.
Puis les chercheurs ont « habillé » cette architecture biologique en y implantant des cellules endothéliales d’origine humaine (les cellules endothéliales tapissent les parois des vaisseaux sanguins) afin de remplir les vaisseaux sanguins, ainsi que des cellules rénales provenant de rats pour produire les autres tissus qui composent l’organe.
Au final, les chercheurs ont obtenu un rat parfaitement fonctionnel, c’est-à-dire capable de filtrer correctement le sang et de produire de l’urine. Toutefois, Harald Ott et ses collègues soulignent que les performances de ce « bio-rein » sont sensiblement inférieures à celle d’un rein naturel
Quel serait l’avantage d’un tel procédé, si ce dernier venait à être utilisé un jour par les médecins ? Simple : cette technique pourrait ni plus ni moins permettre aux malades de ne plus avoir à attendre une hypothétique greffe en provenance d’un donneur compatible. En effet, n’importe quel rein pourrait faire l’affaire, même d’origine animale (pourvu qu’il soit de taille équivalente). Et pour cause, puisque seule l’architecture de l’organe serait conservée, les cellules du receveur venant, après prélèvement et mise en culture, reconstituer les tissus manquants de l’organe devant être greffé. Un recours aux cellules du receveur qui permettrait alors de procéder à des transplantations exemptes de risque de rejet…
Les résultats de cette expérience ont été publiés le 14 avril 2013 dans la revue Nature Medicine, au sein d’un article intitulé « Regeneration and experimental orthotopic transplantation of a bioengineered kidney »
Science et Vie