L’université de Ouagadougou créée le 19 avril 1974, change de dénomination et prend le nom de l’université Ouaga I professeur Joseph KI-ZERBO.
C’est par un décret pris en conseil de ministres que le gouvernement de la transition du Burkina Faso a adopté le 23 décembre 2015 cette appellation pour immortaliser le professeur Joseph KI-ZERBO, premier professeur agrégé en Histoire de l’Afrique occidentale Française.
Par André Burlo
Brève biographie du Professeur Joseph KI-ZERBO
Par Adama P. TRAORE
Joseph Ki-Zerbo est le plus célèbre intellectuel du Burkina Faso (autrefois Haute-Volta) depuis l’indépendance de ce pays. Il est né le 21 juin 1922 à Toma, petite bourgade située à environ 180 km au Nord–Ouest de la Capitale, Ouagadougou. Il a fait ses études aux séminaires de Pabré (Haute volta) et Faladiè (Soudan français) et obtenu le Baccalauréat en 1949, alors qu’il était surveillant au Lycée Terrasson de Fougères de Bamako (Soudan français). Décédé le 04 décembre 2006 à Ouagadougou, le Professeur Joseph Ki-Zerbo est reconnu comme ayant été un infatigable travailleur qui a consacré toute sa vie à la cause de l’Afrique. En effet, le crédo de l’indépendance, de la construction et du développement, dans toutes ses dimensions (historique, économique et culturelle notamment), d’une Afrique unie, ont constitué le fil conducteur de l’ensemble de ses actes.
Joseph Ki-Zerbo a effectué des études en sciences politiques et en histoire, à l’Institut d’Etudes Politiques de Paris (IEPP) et à la Sorbonne. Diplômé de l’IEPP en 1955, il obtient brillamment son Agrégation d’Histoire en 1956, devenant le premier Africain noir à avoir ce titre.
De 1949 à 1956, tout en se consacrant à ses études, Joseph Ki-Zerbo mène une vie militante intense. Il est, entre autres, co-fondateur et premier Président de l’Association des Etudiants Voltaïques en France (AEVF); et de l’Association des Etudiants Catholiques Africains, Antillais et Malgache.
A la même époque, il commence à écrire des articles engagés dans des revues telles que « Tam-Tam » (qu’il a contribué à fonder) et « Présence Africaine » Dans l’un de ces articles, publié en 1956 sous le titre de « On demande des Nationalistes », il exprime sans ambigüité, ses vues pour une Afrique Indépendante Unie. Plus tard, il se consacrera à écrire l’histoire de l’Afrique et à décrire les conditions de son développement endogène. L’étendue et la variété de son œuvre ne permettent pas de citer ici tous ses écrits. On peut juste mentionner les principaux d’entre eux qui sont : « Histoire générale de l’Afrique » vol I (1978) et vol IV (1991), « Eduquer ou Périr » (1990), « La natte des autres (dir.) » (1992), « A quand l’Afrique ? » (2005)
En 1958, le Professeur Joseph Ki-Zerbo confirme son engagement politique par la création du Mouvement de Libération Nationale (MLN) avec une vocation régionale. Sous la bannière de celui-ci, il mène la campagne pour le NON au référendum du 28 septembre organisé la même année par le Général de Gaulle. Il se porte ensuite, avec son épouse, au secours de la Guinée (seule à avoir voté NON à ce fameux référendum) pour contribuer à pallier le départ des enseignants français. Dans le même temps, il développe et renforce ses relations avec les combattants de l’indépendance africaine et les grands leaders du panafricanisme tels que Kwame N’Krumah, Patrice Lumumba, Gamal Abdel Nasser, Franz Fanon, Aimé Césaire, Amilcar Cabral. A partir de 1960, l’action politique de Joseph Ki-Zerbo va se situer en Haute Volta où, constamment leader, il siègera au Parlement de 1970 à 2006. En outre, en 1980, il initie la création du Centre d’Etude pour le Développement Africain (CEDA) qui prône le « développement endogène ».
En plus des fonctions assumées dans l’enseignement au Burkina Faso, le Professeur Joseph Ki-Zerbo a occupé de nombreuses fonctions internationales au nombre desquels on peut citer: membre du Conseil Exécutif de l’UNESCO (1972-1978); Secrétaire Général du Conseil Africain et Malgache pour l’Enseignement Supérieur – CAMES (1967-1979); Président de l’Association des Historiens Africains (1975- 2005). Il a également reçu de nombreuses décorations dont des titres de Docteur Honoris Causa et de Commandeur de l’ordre des Palmes Académiques
En conclusion, le Professeur Joseph Ki-Zerbo a été à la fois un militant, un intellectuel, un historien et un leader politique. Il a laissé un riche héritage d’écrits, d’idées et d’orientations qui méritent d’être pérenniser. C’est dans ce sens qu’il faut comprendre la création de « la Fondation Joseph Ki-Zerbo pour l’histoire et le développement endogène de l’Afrique », du « Comité International Joseph Ki-Zerbo » et de la « Génération Joseph Ki-Zerbo « .